kolonagazza
Irak- Nouvelle ère
n° 499 10/09/10
C.De Broeder & M.Lemaire
L"Irak nouvelle ère" est visible sur ...
a) sur mes blog :
http://journaldeguerre.blogs.dhnet.be/
http://journauxdeguerre.blogs.lalibre.be/
b) Sur le site de Eva Resis : no-war.over-blog.com
c) Sur le site de Robert Bibeau : http://www.robertbibeau.ca/palestine.html & http://boycottisraelinternational.com
d) Sur le site http://turkmenfriendship.blogspot.com/2007/10/journal-dirak-de-m-lemaire.html
Si vous voulez-me contacter ou obtenir le Journal par mail, une seule adresse : fa032881@skynet.be
Sommaire :
Tiré à part
L'Irak dit retrouver sa souveraineté.
L'Irak signe un premier contrat avec une société de sécurité française.
La guerre est finie, les ventes d'armes US décollent.
Le département américain du Commerce effectuera une mission commerciale en Irak.
1 Médias et Manipulation de l’opinion / Vidéos
1-1 Daniel Vanhove : Tenter de démêler le vrai du faux, au fil de l’info…
1-2 Charles-André Udry, : USA : les fausses fenêtres d’un départ.
1-3 Le bilan SELON des médias pro-USA.
1 La guerre de l'Irak a coûté (ndlr : jusqu’à présent) 709 milliards de dollars aux contribuables
2 Des milliards de dollars ont été gaspillés dans la reconstruction en Irak.
3 Nouri al-Maliki : «L'Irak devient aujourd'hui un pays souverain».
4 Irak : une nouvelle aube ?
5 Abir Taleb : Un pas vers l’inconnu.
6 Salam al-Khavaji : Les Irakiens redoutent une déstabilisation accrue après le retrait de l’armée américaine.
2 Les Brèves
2-1 Conflit interne Bagdad-Kurdistan pour le partage de la manne pétrolière…
2-2 Affaire « Pétrole… sans nourriture »
3 Déclaration, courrier des lecteurs & témoignage
3-1 Gilles Munier : Tarek Aziz peut enfin parler.
4 Analyse - Géopolitique et stratégie – Réflexion
Ndlr : La publication des articles ou analyse ne signifie nullement que la rédaction partage toutes les analyses des auteurs mais doit être vu comme information
4-1 Après l'Irak, Obama veut "reconstruire" l'Amérique.
4-2 Irak. Fiasco historique.
4--3 7 ans après la chute de Saddam, quel bilan pour les forces américaines ?
6 Annexe
Pierre De Boishue : La ruée vers l'or noir.
Avant propos
Les militaires américains usent d’un terme générique- Al Qaida- pour désigner les résistants qui osent leur résister...
Tiré à part
L'Irak dit avoir retrouver sa souveraineté.
L'Irak a dit avoir retrouvé sa souveraineté avec la fin des opérations de combat américaines, mardi, s'estimant à même de relever tous les défis pour sa sécurité qui pourraient lui être lancés à l'avenir.
Les effectifs américains sont tombés aux alentours de 50.000 hommes avant la date du 31 août retenue par Barack Obama pour la fin officielle de la mission de combat américaine en Irak.
Le président américain devait solenniser l'événement par une allocution, à 00h00 GMT, en direct du bureau ovale de la Maison blanche. Ce ne sera que la seconde allocution de ce genre depuis son investiture à la Maison blanche, en janvier 2009.
"L'Irak est aujourd'hui souverain et indépendant", a assuré le Premier ministre irakien, Nouri al Maliki, à ses compatriotes lors d'une allocution télévisée.
"Nos forces prendront la tête des opérations visant à assurer la sécurité, à préserver le pays et à éliminer toutes les menaces auxquelles doit résister le pays, à l'intérieur ou à l'extérieur", a ajouté Maliki.
"Avec l'accomplissement du retrait des troupes, nos relations avec les Etats-Unis entrent dans une nouvelle phase, celle entre deux pays égaux et souverains", a-t-il souligné.
La date du 31 août est en grande partie symbolique, car les soldats américains en Irak n'étaient plus depuis quelque temps sur le front et se consacraient déjà à l'entraînement et à la formation des policiers et soldats irakiens.
Les 50.000 hommes qui vont y rester jusqu'à la fin 2011 constituent toutefois une force militaire de premier plan en cas de besoin.
LE BAAS PARLE DE DÉFAITE DES TROUPES US
Le vice-président américain, Joe Biden, s'est rendu lundi à Bagdad pour marquer sur place l'arrêt de la mission de combat et exhorter les dirigeants irakiens à accélérer la formation d'un nouveau gouvernement.
Près de six mois après les législatives du 7 mars, l'Irak ne s'est toujours pas doté d'une nouvelle équipe gouvernementale.
"En dépit de ce que dit la presse nationale sur la poursuite des violences, la vérité, c'est que la situation est très très différente. La situation est bien plus sûre", a déclaré Biden à Maliki mardi, avant qu'ils aient un entretien à huis clos.
Le parti Baas de l'ancien dictateur Saddam Hussein a estimé que l'annonce de la fin de la mission de combat américaine était la conséquence d'attaques "dévastatrices" contre les troupes américaines menées par des "résistants" irakiens.
"Ils se sont retirés à force d'échecs et de défaites, par les mêmes routes qu'ils avaient empruntées pendant leur invasion", dit le Baas dans un communiqué diffusé par certains sites internet irakiens. "La fin de la mission de combat américaine est une vaine tentative de sauver la face (...)".
Nombre d'Irakiens espéraient que les élections du 7 mars augureraient d'une ère de stabilité.
Au lieu de cela, le scrutin risque plutôt d'aggraver les tensions entre communautés si l'alliance interconfessionnelle Irakia de l'ex-Premier ministre Iyad Allaoui est tenue à distance du pouvoir par les factions politiques chiites.
"Je vous ai promis que le conflit intercommunautaire était derrière nous. Nous ne permettrons pas qu'il reprenne. Les Irakiens vivront ensemble comme des frères", a cependant assuré Maliki dans son allocution.
31 août,
http://fr.news.yahoo.com/4/20100831/tts-irak-usa-ca02f96_1.html
L'Irak signe un premier contrat avec une société de sécurité française
L'Irak a signé jeudi pour la première fois un contrat avec une entreprise privée de sécurité française, Gallice, portant sur la sécurisation de l'entrée du ministère des Affaires étrangères à Bagdad,
02-09
http://www.lepoint.fr/bourse/l-irak-signe-un-premier-contrat-avec-une-societe-de-securite-francaise-02-09-2010-1231796_81.php
La guerre est finie, les ventes d'armes US décollent
http://washington.blogs.liberation.fr/.a/6a0120a56c88fb970b0133f3778fcf970b-piL’Irak s’apprête à acheter pour 13 milliards de dollars d’armes et équipements militaires américains, rapporte USA Today ce mercredi. Au moment où Barack Obama célèbre le retrait des troupes de combat américaines, les Etats-Unis négocient avec les autorités irakiennes des contrats géants d’équipements qui feront de ce pays « l’un des plus grands clients au monde » de l’industrie militaire américaine, souligne USA Today. Sur ces 13 milliards de dollars, la moitié sont des contrats déjà finalisés, précise le quotidien, l’autre est toujours en cours de négociation. La liste de course irakienne comprend notamment 140 chars M-1, que les Irakiens ont vu à l’œuvre (à leurs dépens) lors de la guerre du Golfe. Au-delà de ces 13 milliards de dollars, l’armée irakienne a aussi demandé aux Etats-Unis 18 chasseurs F-16, un autre programme de 3 milliards de dollars qui doit encore être approuvé par le Congrès.
Encore équipée de vieux chars soviétiques, l'armée irakienne a été saignée par la guerre contre l'Iran et la guerre du Golfe, puis empêchée de se rééquiper par les sanctions de l'ONU contre le régime de Saddam Hussein, rappelle USA Today. Elle a grand besoin de se reconstituer, et les Etats-Unis sont là -aussi- pour ça.
http://washington.blogs.liberation.fr/great_america/2010/09/irak-la-guerre-est-finie-les-ventes-darmes-us-se-portent-mieux-que-jamais.htmlLe département américain du Commerce effectuera une mission commerciale en Irak.
Le département américain du Commerce a annoncé mercredi qu'il effectuera une mission commerciale historique en octobre en Irak, la première du genre depuis la fin des missions de combat américaines dans le pays.
Francisco Snchez, sous-secrétaire au Commerce chargé du Commerce international, dirigera la mission en compagnie des repré sentants de 15 compagnies américains, dont Boeing et General Electric, a indiqué un le ministère dans un communiqué.
Le développement intervient un jour après l'annonce de la fin officielle des opérations de combat en Irak par le président amé ricain Barack Obama. Ce dernier a affirmé que les Etats-Unis ont tenu parole et qu' "il est temps de tourner la page".
"Les relations bilatérales irako-américaines entrent dans une nouvelle phase d'engagement commercial," a indiqué Snchez. "La mission commerciale mettra en contact les compagnies américaines et irakiennes dans un partenariat pour la reconstruction de l'économie irakienne. Cette mission sera économiquement et commercialement bénéfique aux compagnies américaines et irakiennes ainsi qu'aux citoyens d'Irak".
Le département considère la mission, la 24ème mission commerciale depuis l'annonce d'Obama de l'Initiative nationale sur les exportations (NEI) durant son discours sur l'état de l'Union cette année, comme de nouvelles opportunités pour aider les compagnies américaines à accroître leurs exportations et à créer des emplois aux Etats-Unis.
"Cette mission apporte de l'expertise d'affaires dans le pays à un moment crucial et permettra aux compagnies américaines de se positionner pour entrer et étendre leur présence en Irak," a expliqué Snchez.
La mission offrira aux participants américains une étude de marché de première main et un accès aux décideurs gouvernementaux. En outre, les rencontres en tête-à-tête seront arrangées avec des potentiels agents, des distributeurs et des partenaires, selon le département.
Le gouvernement américian voit des grosses opportunités pour une hausse du commerce et des investissements en Irak, dont le Produit intérieur brut (PIB) a plus que doublé depuis 2006, grimpant de 57 milliards de dollars à 112 milliards de dollars en 2009.
2010-09-02 09
http://french.cri.cn/781/2010/09/02/301s227055.htm
1 Médias et Manipulation de l’opinion / Vidéos
Ndlr : PS : la publication des articles ou analyse ne signifie nullement que la rédaction partage les analyses ou point de vue des auteurs, mais doit être vu comme information
1-1 Daniel Vanhove : Tenter de démêler le vrai du faux, au fil de l’info…
La concentration des médias dominants entre les mains de quelques groupes privés est un réel danger pour la démocratie. Et si certains citoyens commencent à le comprendre, il n’en demeure pas moins que ces médias continuent à faire la pluie et le beau temps, en fonction des intérêts qu’ils poursuivent. Intérêts économiques la plupart du temps, mais intérêt idéologique également, puisque par la pérennité de leur idéologie, les intérêts économiques poursuivis pourront se développer d’autant plus aisément.
Ainsi, ces derniers mois, que ne lit-on, n’entend-on ou ne voit-on dans ces mêmes médias, à propos de la situation au Moyen-Orient !?
Entre les menaces – supposées – d’un Iran nucléaire et celles – réelles – d’une déflagration majeure qu’entraînerait son attaque ; le retrait d’Irak de l’armée américaine n’y laissant plus « que » 50.000 hommes malgré la recrudescence des attentats dans un pays qu’ils ont ruiné ; le Pakistan dévasté par les inondations mais secouru par largage de colis humanitaires par ceux-là mêmes qui en poursuivent le bombardement avec leurs drones ; l’accrochage meurtrier à cause d’un arbre à la frontière libanaise, ou encore la polémique suscitée par la reprise des pourparlers directs entre un 1er ministre sioniste allié à une extrême droite profondément raciste et un président palestinien agissant sans mandat… comment s’y retrouver ?
Devant le flot d’informations apparemment contradictoires, ces mises en scène – car, c’est bien de cela dont il s’agit – visent pourtant toutes le même objectif : asseoir et conforter encore et toujours la loi du plus fort, de la pensée dominante et tenter de brimer la voix des peuples bien que majoritaire mais privée de moyens équivalents pour se faire entendre, aux seules fins d’en tirer un maximum de profits.
Ainsi, lorsqu’en l’espace de quelques jours sont exploitées l’image de la jeune Aisha défigurée, celle de Sakineh qui risque la lapidation, ou tout récemment celle d’Ebrahim, jeune homosexuel menacé de pendaison, afin de mobiliser l’opinion publique à l’encontre des régimes politiques qui utilisent de telles méthodes, ne devrait-on pas s’interroger sur l’absence de mobilisation de cette même opinion face aux massacres quotidiens auxquels s’adonnent nos « forces coalisées » dans ces mêmes pays qu’elles prétendent vouloir « libérer » et qui ne font l’objet que d’un entrefilet dans les médias ?
Au-delà des drames qu’ils constituent, cette focalisation sur ces cas particuliers, scrupuleusement identifiés, n’est-elle pas une manipulation pour nous donner bonne conscience et nous indiquer ainsi que malgré nos interventions à coup d’armes de destruction massive contre des populations démunies de l’élémentaire – eau, électricité, nourriture, habitat, médicaments, soins – nous n’aurions pas perdu notre sens altruiste – et qui à vrai dire, escamote de la sorte notre mentalité toujours imprégnée d’un esprit colonial ? Nous soucier soudain de ces cas parmi des milliers d’anonymes que nous ignorons la plupart du temps nous dédouanerait-il de nos méfaits et de notre indifférence coutumière !? Nous sauverait-il notre restant d’âme !? La belle affaire ! Et surtout, la magistrale hypocrisie : il est effectivement plus facile de brandir ces cas particuliers et d’ignorer la loi du grand nombre que l’on continue à asservir et massacrer avec nos redoutables technologies… au point d’en rendre impossible par la suite l’exploitation des corps déchiquetés, pulvérisés, méconnaissables en Une de magazines à sensations… Nous voilà de la sorte, parvenus à stigmatiser sans sourciller, la « barbarie » de l’un ou l’autre cas… pour mieux cacher la nôtre qui poursuit ses largages de bombes à fragmentation, au phosphore, à l’uranium appauvri quand ce n’est pas ses mines antipersonnel qui continueront à tuer des innocents une fois que nos « boys » auront plié bagages et rentreront au pays en héros, fiers du « travail accompli ». Se sentir appartenir à cette société-là ne tient plus d’un mauvais rêve, mais d’un vrai cauchemar !
L’autre évènement qui devrait retenir notre attention dans la manipulation de l‘information est la dernière attaque de la résistance palestinienne à l’encontre de quatre colons israéliens dans la région de Hébron, au sud de la Cisjordanie. Comme toujours dans pareil cas, l’information qui nous est relayée en boucle souligne la sauvagerie de l’agression face au chagrin inconsolable de la communauté endeuillée. Nulle part n’entendrez-vous que quelques heures auparavant, une poignée de colons de cette même région de Hébron a mitraillé une dizaine de Palestiniens travaillant dans leurs champs. Après tout, ce fait divers est courant sinon quotidien. Et que sont ces Palestiniens, autrement dit ces Arabes, face aux pieux israéliens établis là pour expier nos crimes et « parce que Dieu leur a donné cette terre » !? Et nulle part non plus, n’est signalé que Hébron est probablement la ville palestinienne où sévissent les colons les plus radicaux que l’on puisse trouver en Palestine – en vérité, de vrais timbrés ! Tous ceux qui se sont rendus dans la région peuvent en témoigner. Comme nulle part non plus n’est rappelé par ces médias tellement consciencieux que TOUTES les colonies ont été déclarées illégales par l’ONU. En revanche, il ne faut pas longtemps pour qu’ils insistent sur le soutien de cette action par les diverses organisations de résistance – traitées, cela va sans dire, de « terroristes » – et dans le même temps, sa condamnation par les autorités officielles… s’abstenant de blâmer la présence de ces colons à cet endroit !
Et à bien lire ces condamnations répétées, que peuvent encore faire les Palestiniens ?
- Ils ne peuvent ni fomenter des attentats kamikazes à cause du risque de tuer des civils – nous seuls y sommes autorisés avec nos armes redoutables… sous prétexte d’apporter la « civilisation » en pays barbares ;
- Ni envoyer des roquettes à l’aveugle, lié au même risque de tuer des civils – nous seuls sommes habilités pour ce genre d’opération et à l’aide de nos drones… nous ne laissons que des « dommages collatéraux » ;
- Ils ne peuvent pas s’opposer au vol de leurs terres par la poursuite de la construction du Mur – qu’une large majorité de pays a bien décrété comme illégale, via la Cour Internationale de Justice de La Haye en 2004… mais dont nous sommes toujours incapables d’ordonner l’arrêt ;
- Il leur est interdit de s’armer pour se défendre d’une occupation que la Communauté internationale reconnaît pourtant comme illégale à travers de multiples Résolutions onusiennes… inappliquées ;
- Sans parler de Gaza, ce laboratoire où ils sont encagés tels des rats, et où l’occupant y expérimente le pire, les obligeant d’ailleurs à creuser des galeries pour survivre sans qu’aucun Etat occidental n’ait le courage de condamner sans la moindre ambiguïté l’entité sioniste pour l’ignominie de ses crimes ;
- Ils peuvent tout au plus défiler pacifiquement, et encore, en évitant le jet du moindre caillou vers l’armée d’occupation… sous peine de finir dans les geôles israéliennes pour quelques années ;
- Et ils sont en outre, priés de garantir la sécurité de l’occupant en traquant tous ceux qui veulent lui résister – ce à quoi s’emploie très bien les représentants de l’autorité palestinienne du président non élu M. Abbas… transformés ainsi en collabos actifs.
Et derrière les blabla d’un processus-de-paix-de-papier, à quoi assiste-t-on ? A rien d’autre que la poursuite quotidienne de la colonisation de la Palestine par l’entité sioniste avec à la clé, un énième round de négociations dont tout le monde sait que les dés sont pipés d’avance. L’âne palestinien Abbas pousse donc son vieux museau vers le bœuf Netanyahu dont il sait ne rien devoir attendre. Pourquoi l’âne, me direz-vous ? Parce qu’il n’y a qu’un âne que l’on fait avancer avec une carotte d’une main, et le bâton US de l’autre ! Et pourquoi le bœuf alors ? Parce que le 1er ministre sioniste me semble en avoir l’attitude grossière. Mais cette fois, ceux-là ne seront pas penchés sur un nouveau-né. Ils ne pourront que constater l’avortement programmé d’un Etat croupion qui ne s’établira jamais sur les quelques parcelles émiettées que lui destine l’occupant obtus du bout de ses naseaux.
4 septembre 2010
Daniel Vanhove – Observateur civil02.09.10 http://www.legrandsoir.info/Tenter-de-demeler-le-vrai-du-faux-au-fil-de-l-info.html
1-2 Charles-André Udry, : USA : les fausses fenêtres d’un départ.
Mardi 31 août 2010, officiellement, le président des Etats-Unis a «mis fin aux opérations de combats» en Irak. Obama déclarait à cette occasion: «C'est dans ce bureau que le président Bush a annoncé le début des opérations militaires en Irak, voici sept ans et demi. (...) Ce soir, je déclare que les missions de combat américaines sont terminées. C'est la fin de l'opération «Liberté en Irak.» Le nombre de soldats a été réduit à 50’000. Le retrait définitif devrait – le conditionnel est de rigueur – intervenir en 2011.
Les troupes états-uniennes devraient demeurer en Irak, avec pour mission, selon Barack Obama, de «poursuivre les restes d'Al-Qaïda, protéger les services américains et, alors que les Irakiens feront des progrès politiques, d'entraîner les forces de sécurité irakiennes».
Obama a moins insisté sur le déplacement des troupes états-uniennes vers l’Afghanistan. La «stratégie de sortie» de ce pays, annoncée en mars 2009, a du plomb dans l’aile. Suite au limogeage, en juin 2010, du général Stanley McChrystal et son remplacement par un ancien de l’Irak, le général David Petraeus, le général français Vincent Desportes ne faisait pas dans la nuance: «La situation n'a jamais été pire. La doctrine de contre-insurrection traditionnelle, telle que l'a engagée McChrystal depuis un an, avec un usage restreint de l'ouverture du feu, des moyens aériens et de l'artillerie pour réduire les dommages collatéraux, ne semble pas fonctionner.» (Le Figaro, 8 juillet 2010). Le 4 juillet 2010, Petraeus jugeait la situation «fort critique».
Compter sur un gouvernement solide à Kaboul, sur un affaiblissement militaire substantiel des talibans, sur une collaboration étroite comme efficace avec l’armée pakistanaise, voilà trois piliers vermoulus d’une stratégie. Le calendrier de la Maison Blanche risque de n’être pas respecté. Les premiers signaux sont déjà lancés. La population afghane, elle, connaît les affres de celle de l’Irak.
Hormis le spectacle donné par Obama dans son nouveau «bureau ovale», il reprenait un engagement formel et un accord que G.W. Bush avait dû signer en novembre 2008, sous la pression d’une impasse de plus en plus tangible: un accord SOFA (Status of Forces Agreement). C’est-à-dire, un accord réglant juridiquement – après l’échec du «rétablissement de la démocratie», de la «reconstruction d’une nation» arguments utilisés depuis le XIXe siècle afin de justifier les opérations coloniales – la présence des troupes américaines, en l’occurrence, dans un pays étranger, dans ce cas l’Irak. Obama n’a rien inventé. Il a simplement ajusté cet accord SOFA. Rien d’historique.
Une guerre qui n’est pas terminée
Le 23 août 2010, le vice-président Joe Biden déclarait devant le Congrès des «Veterans of Foreign Wars» – «Les anciens combattants des guerres à l’étranger» : «C’est la politique, pas la guerre, qui a détruit l’Irak». Joe Biden met l’accent sur la création d’une «force de sécurité irakienne» de 650'000 hommes, «prenant la tête de la défense et de la protection du pays».
Le 31 août 2010, au son des flonflons – dans les murs mêmes du plus grand palais de Saddam Hussein, couverts de drapeaux états-uniens et irakiens – les généraux obéissant (?) à l’administration démocrate organisaient la transition de l’ «Operation Iraqi Freedom» à l’«Operation New Dawn». En français «L’opération aube nouvelle». On rêve.
La «violence» diminue selon Biden, même si «les derniers jours les attentats se sont multipliés». Il ne faudrait pas oublier que la première guerre (attaque aérienne dès janvier 1991), puis les sanctions, puis la guerre de 2003, puis l’occupation ont plongé l’Irak dans le chaos. La société n’a cessé, depuis lors, de se déliter. Cinq mois après les élections de mars 2010, le gouvernement n’est toujours pas en place. Les «conflits d’influences», les luttes entre de multiples «réseaux de pouvoir» dominent, sur un arrière-fond d’affrontements pour le contrôle, direct ou indirect, des ressources pétrolières et aussi pour l’obtention de diverses rentes locales ou régionales, liées à un clientélisme labyrinthique. A cela s’ajoutent les détournements des «fonds d’aide». Ils tombent certes dans les proches de sociétés occidentales, mais aussi des «chefs» irakiens. On est loin d’une nouvelle «aube», d’une «nouvelle aurore».
Anthony Cordesman écrivait dans une étude du Center for Strategic and International Studies (csis.org), le 18 août 2010, que «la guerre d’Irak n’est pas terminée, et elle n’est pas gagnée».
La situation actuelle est certes différente, mais en substance aussi critique qu’en 2003. Ne serait-ce que sous l’impact de: 1° la crise socio-économique mortifère; 2° cette «guerre civile» de basse intensité qui se poursuit sur fond de chapelets d’alliances et heurts entre «chefferies» reflétant le morcellement du pays et de la société; 3° la crise structurelle de direction politique du pays ; 4° des interventions de divers pays pas (Iran) ou mal contrôlés par les Etats-Unis et/ou jouant leur propre carte, tout en étant un allié officiel de Washington (de l’Arabie Saoudite à la Turquie ); 5° une exploitation des champs pétroliers très éloignée de leur potentiel effectif et donc de la «rente» envisagée en 2004-2005 ; 6° du «danger» pour le Etats-Unis que la Chine prenne une place de choix, demain, dans l’extraction du pétrole irakien. En effet, la Chine a passé un contrat de 3 milliards de dollars pour le champ pétrolier d’Ahdab dans la province de Wasit (sud-est) et, en alliance avec BP, China National Petroleum Corporation a obtenu un autre contrat afin d’exploiter le champ de Rumaillah.
Cordesman conclut, dès lors, qu’un délai de 5 à 10 ans, au minimum, est nécessaire «pour obtenir une relative sécurité et stabilité».
Le «retrait des troupes» relève d’une formule de relation publique. Les 50'000 soldats sont rebaptisés «Brigades de conseils et d’assistance». Sur la chaîne de télévision CNN, le 22 août 2010, le général Ray Odierno, patron des troupes états-uniennes en Irak sur le départ, répondait sobrement à la question de savoir si ce «retrait» marquait la fin des combats: «Non». Il avançait la date de 2020 pour un possible retrait. A «ses» soldats, il faut ajouter des dizaines de milliers «d’hommes assurant la sécurité» – des mercenaires – qui sont sous contrat avec des «firmes de sécurité». Selon le New-York Times du 19 août 2010, le Département d’Etat (Hillary Clinton) envisage de doubler ses propres «gardes privés», en vue de développer un réseau de surveillance, avec radars, drones, forces d’interventions rapides.
Un coup d’œil dans le rétroviseur
Cette guerre pas terminée dure depuis sept ans. Elle continuera. Ses formes et modalités ont changé et vont encore changer.
Le nombre de soldats états-uniens tués: 4416.
Le nombre d’Irakiens tués et décédés suite aux guerres et surtout à leurs «effets collatéraux»: plus d’un million. Ces chiffres doivent être retenus lorsque des médias et analystes parlent de «rétablissement de la démocratie» et de lutte «pour les droits humains».
L’Irak était et est un objectif géo-stratégique ainsi que pétrolier pour les Etats-Unis. Le porte-parole du Département d’Etat, Philippe Crowley, sur Fox News, le 19 août 2010, déclarait: «Nous avons lourdement investi en Irak et nous devons tout faire pour préserver cet investissement afin d’intégrer l’Irak, avec les pays voisins, afin d’aboutir à une situation beaucoup plus pacifiée qui serve leurs intérêts, aussi bien que nos intérêts».
Avec un regard un peu plus historique, la guerre contre l’Irak – de fait contre sa population – dure depuis 1991. Les «esprits» journalistiques semblent cryogénisés.
Antérieurement, le régime dictatorial de Saddam Hussein a été massivement soutenu, militairement et financièrement (crédits d’armement, entre autres), par les principaux pays impérialistes: des Etats-Unis à la Grande-Bretagne , en passant par la France. Un soutien dynamique pour permettre une guerre de huit ans contre l’Iran, terrifiante pour les populations et les soldats. Le régime chiite de Khomeini apparaissait, alors, comme le danger majeur pour les monarchies pétrolières du Golfe, très proches aux Etats-Unis. Cette aide militaire massive va conduire à un endettement du régime de Saddam Hussein. La dette dépassait les revenus issus de la rente pétrolière. La nationalisation du pétrole datait de 1973. La rente tirée non seulement a été mal gérée, mais a été utilisée selon les exigences d’un régime de plus en plus autocratique et dictatorial.
La situation financière était si dégradée, fin des années 1980, qu’elle pouvait faire basculer le régime dans les filets des agences financières internationales, telles que le FMI. Avec ce que cela impliquait comme «ouverture de l’économie irakienne», donc de perte de contrôle sur les ressources primaires, et, fort probablement, de «rétrécissement» – pour ne pas dire de chute – du pouvoir «clanique» de Saddam Hussein.
C’est alors que, suite à des provocations du Koweït – bien établies aujourd’hui – portant sur les réserves pétrolières frontalières [1], les troupes du dictateur envahissent la monarchie fort peu démocratique du Koweït. Saddam Hussein veut mettre la main sur le coffre-fort koweïtien, pour réduire la pression de la dette.
Dans cette opération, une sorte de feu vert lui a été donnée par l’ambassadrice des Etats-Unis, Madame April Glaspie. Elle lui a laissé entendre, en 1990, qu’une telle opération ne susciterait pas de riposte américaine. Par cette initiative suicidaire, Saddam Hussein révélait le type d’aveuglement propre à un dictateur de cette nature, mégalomane autiste. Cet épisode ressort bien dans l’ouvrage de Pierre-Jean Luizard, chercheur au CNRS (France), intitulé: Saddam Hussein: interrogatoire par le FBI (Inculte Editions, février 2010).
Aujourd’hui, diverses études menées en Irak, indiquent que, sans l’appui alloué par les puissances impérialistes occidentales au cours des années 1980, la position de Saddam Hussein aurait été beaucoup plus fragile à l’intérieur de l’Irak. Le régime était de plus en plus isolé.
En outre, l’arsenal constitué grâce à l’aide occidentale s’est transformé en un argument de propagande militaire pour justifier cette guerre. Ne «disposait-il pas d’armes de destruction massives» ? Tony Blair le laisse encore entendre dans sa toute récente opération financière concrétisée par la publication de ses mémoires intitulées: The Journey.
Obama entre le chômage et la guerre
La représentation donnée dans le «bureau oval» par Obama camoufle la situation dans laquelle se trouvent plongés, en Afghanistan et en Irak, les Etats-Unis ainsi que l’administration démocrate. Elle possède, peut-être, une charge de propagande qui se veut efficace – en fait, assez affligée – avant les élections de mi-mandat, le 2 novembre 2010. Ces dernières se dérouleront dans un climat de morosité économique et d’explosion du chômage, entre autres de longue durée. La baisse des salaires pour celles et eux qui trouvent un nouvel emploi, souvent précaire, est relevée par toute la presse économique.
Les sondages placent Obama au plus bas depuis 18 mois: selon la chaîne NBC, 62% des personnes interrogées pensent qu’Obama s’est engagé sur une fausse voie dans divers domaines.
La droite républicaine et des forces hors de l’appareil républicain construisent un secteur très «droitisé» de ladite opinion publique. Les dernières analyses sociologiques montrent qu’un cinquième des participants au mouvement protéiforme «Tea Party» ont des revenus de 100'000 dollars par an. Mais 72% disposent de 50'000 dollars. Un revenu qui n’est certes pas celui des couches salariées très moyennement rétribuées aux Etats-Unis. Toutefois, ces couches présentes dans des regroupements vivaces réactionnaires ne constituent par la strate supérieure, pour reprendre une classification propre à la sociologie américaine. Cependant, elles occupent une place significative dans la dialectique politico-médiatique actuelle, quelque deux mois avant les élections. De plus, le mouvement «Tea Party» est subventionné par quelques grandes fortunes, comme l'a rapporté le magazine The New Yorker: le plus connu, Rupert Murdoch, magnat des médias (Fox News). Mais aussi – ce qui a étonné des «libéraux» de New-York – les frères David et Charles Koch, parmi les premières fortunes des Etats-Unis. Ils contrôlent des raffineries en Alaska, Texas, Minnesota, des milliers de kilomètres d'oléoducs, les textiles synthétiques Lycra (sous-produit du pétrole). Ils s'opposent à toutes les mesures visant à réglementer, un tant soit peu, l'industrie pétrolière et les émissions de CO2. Cette opposition – qui a d'autres appuis, certes – est un des facteurs expliquant le blocage de la plus que modérée Energy Bill d'Obama. Le «Tea Party», sur ce terrain, leur est utile.
La confusion suscitée par la politique bipartisane d’Obama – faite de concessions permanentes, au rabais, au nom d’un réalisme pragmatique – facilite la tâche de diverses forces ultra-réactionnaires. Une politique plus déterminée – ne serait-ce que de type semi-keynésien bourgeois – est, de fait, réclamée par des couches populaires durement frappées par la crise sociale. Y compris, par une partie de celles et ceux attirés par des mouvements du genre «Tea Party». Des enquêtes révèlent qu’une partie d’entre eux attend une action de l’état, au moins à l’échelle de leur «Etat» (canton). Dans des régions comme la Californie , les organisations charitables ont vu exploser par trois ou quatre le nombre de personnes qu’elles nourrissent ou abritent. Elles ne peuvent plus faire face.
Un pays dévasté
Pour revenir à la situation en Irak, elle semble fort complexe, pour utiliser un euphémisme. Myriam Benraad, chercheuse au CERI, sur le site Mediapart, explique à propos de «l’échec militaire et politique américain»: «Il y a plusieurs dimensions. Les Etats-Unis se sont un peu naïvement appuyés sur les tribus qui, à l'époque, vu la lassitude de la population face aux exactions d'Al-Qaïda, avaient emporté un certain succès. Mais en contrepartie, elles ont été lourdement armées et financées. Fin 2008, il y a eu un essai de transfert de ces forces tribales vers le gouvernement, les tribus demandant leur intégration aux nouvelles forces de sécurités, ce qui a été très limité, avec des salaires versés au compte-gouttes. Cela a incité un certain nombre de membres, de ce que l'on appelle le «conseil du réveil», à rejoindre les rangs du soulèvement. Dans certaines provinces d'Irak, des conseils ne reçoivent plus aucune rémunération, et ce depuis plusieurs mois. En retour, ils sont payés par Al-Qaïda.
Dans le même temps, les succès des nouvelles forces de sécurité ont surtout été dus au soutien américain, financier ou logistique. Or, depuis le transfert de responsabilité au sein du gouvernement, ces forces manquent de moyens, comme on peut le voir lorsque l'on examine le budget adopté en février dernier. On soupçonne en outre une partie de ces forces d'être restées proches de leurs anciennes milices, et il n'y a pas vraiment d'esprit de corps.
Et puis, il y a le contexte politique, avec l'absence d'un Etat fonctionnel et de directives claires. Le double échec des Américains, c'est d'avoir confondu depuis 2003 le changement de régime et la destruction de l'Etat irakien. Cela a débuté très tôt, avec le démantèlement de l'armée, les campagnes de «débaassification». Sept années après, l'Etat n'a pas réussi à se reconstruire, et la classe politique irakienne est totalement déchirée, dans l'incapacité de recréer un pacte national.
La stratégie américaine n'a cessé de changer, et a été essentiellement conjoncturelle. C'est le manque de vision depuis 2003 qui a précipité l'échec.» On peut discuter cette analyse.
Toutefois, un fait est certain. Myriam Benraad le met bien en lumière: « Le citoyen ordinaire vit dans un grand dénuement, n'a ni l'électricité ni l'eau courante. Beaucoup d'Irakiens attestent qu'autant certains progrès avaient été réalisés en 2007-2008, autant depuis 2009, les choses n'ont fait que se dégrader, avec des situations sanitaires catastrophiques dans certains endroits, avec notamment des épidémies de choléra, des zones complètement laissées à l'abandon, sans infrastructures. Une partie des Irakiens en viennent d'ailleurs clairement à regretter le temps de Saddam Hussein, où ils mangeaient à leur faim, et pouvaient emmener leurs enfants à l'école sans risquer de mourir en route.» Ce qui explique, selon divers journalistes présents en Irak, que ce «départ partiel» des troupes des Etats-Unis n’a pas attiré l’attention des «simples citoyens» irakiens. La majorité a d’autres préoccupations.
Une société émiettée
Parfois des analogies sont faites avec le Liban. Mais, ce type d’analyse oublie que la «Constitution» de 1941, mis en place par le général Catroux, a abouti à la création d’un système de «confessionnalisme politique». Ce dernier a peu à voir avec le système politique qu’ont tenté de bâtir les administrations états-uniennes en Irak. A
u-delà des histoires diverses de ces deux pays, il suffit de faire référence: à la place géostratégique de l’Irak, à ses ressources pétrolières, à la question Kurde, aux forces chiites différentes et à leurs relations plus ou moins accentuées avec l’Iran. De plus, la relation spatiale et politique entre les forces dites confessionnelles et les régions renvoie au contrôle de richesses, avant tout pétrolières, mais pas seulement. Il y a l’accès à des ports (au sud) ou à des routes d’exportations. Le pétrole de la région Kirkouk est exporté vers la Turquie , sous le contrôle du pouvoir régional de Barzani et Talabani. Ils disent vouloir faire de leur région un Koweït irakien ! Sans même mentionner, la configuration présente des «acteurs» politiques et économiques à l’échelle régionale et mondiale, à un moment de basculement des rapports de forces économiques entre certains pays «émergents» et ceux «des centres».
L’administration américaine, après 2003, a cherché prendre appui sur les «exclus» du régime de Saddam Husein, soit les Kurdes et les chiites, pour simplifier. Ils représentent trois quarts de la population d’Irak. Sur cette base, l’administration états-unienne a mis en place un système parlementaire – nourri par des partis claniques – et donc des élections. Une certaine liberté de la presse existe. Des apparences démocratiques et quelques espaces démocratiques bourgeois effectifs ont été institués. Cela ouvre la voie à un jeu d’alliances complexes et changeant. Comme par exemple, le tournant assez brutal des forces de Moqtada Al Sadr [2] en faveur d’un «régime parlementaire» et d’une alliance avec Iyad Allawi. Un candidat qui négociait, auparavant, un accord avec Nouri al-Maliki. Il va sans dire que ces «partis-clans-mafia» ont peu à voir avec la «démocratie parlementaire» présentée sur papier glacé par Washington et ses alliés. D’autant plus que le fonctionnement même de la «démocratie parlementaire» en Europe et aux Etats-Unis inclut des pratiques certes plus policées et réglementées, mais qui ne sont pas sans rappeler les méthodes clientélaires, corruptrices, d’expropriation du pouvoir dit «populaire».
Conjointement, des clans et tribus sunnites, financés et utilisés antérieurement par les occupants états-uniens, se retournent. Ils doivent être, certainement, les acteurs de diverses opérations visant les nouvelles forces policières irakiennes, entraînées par les occupants (militaires ou mercenaires).
Quant à la question de la sécurité, présentée comme s’améliorant depuis 2006-2007, une précision est nécessaire. Dans une conurbation comme celle de Bagdad, au cours des dernières années, s’est produite une séparation spatiale des «communautés», une sorte de géographie urbaine confessionnelle. Cela réduit les flux de populations au sein de Bagdad et «favorise» la sécurité, mais simultanément le morcellement de la société. Les quartiers mixtes sont réduits comme peau de chagrin. La statistique des attentats est donc plus modeste. Cependant elle n'est pas le fruit d’une avancée politique et sociale. La fragmentation de la société – qui elle se situe dans un cadre national irakien, à l’exception des Kurdes – est ascendante. Les représentants politiques – qui s’exercent au jeu parlementaire dans la «zone verte», ultraprotégée – tirent leur influence des accords passés avec une multiplicité des chefs de tribus et d’intérêts locaux. Un clientélisme qui absorbe des millions de dollars.
La crise de direction politique au sommet est donc l’autre facette de cette fragmentation du pays. Un pays dont les infrastructures sont ruinées, dégradées, détruites. Le quartier de Sadr City, qui regroupe 2 millions d’habitants, reste pour l’essentiel privé d’eau potable et, très souvent, d’électricité. Les Etats-Unis ont fait une campagne de relation publique sur la construction d’une usine d’épuration des eaux à Fallujah, une ville qu’ils avaient détruite en 2004. L’usine n’est pas finie et sa liaison avec les habitations n’est pas établie ! Mais, ils ont «apporté la démocratie» et «reconstruit».
Mention n’est pas faite, ici, des effets sanitaires à long terme (cancer, enfants naissant gravement handicapés) des bombardements massifs au sud avec de la munition à l’uranium appauvri.
On est donc fort éloigné du cirque médiatique orchestré sur le «départ des troupes de combats». Et, il serait certainement erroné de sous-estimer ce que l’impérialisme états-unien est prêt – entre autres dans cette période de crise économique – à investir pour maintenir et développer sa présence militaire dans toute cette région (au sens large), sous diverses formes.
Les estimations du géographe et économiste Roger Stern [3] de l’Université de Princeton sur le déploiement et le coût d’entretien de la présence des porte-avions états-uniens dans le Golfe Persique, de 1976 à 2007, donne une idée de «l’effort engagé»: 3 trillions de dollars !
L’évolution des dépenses militaires des Etats-Unis indique qu’elles représentaient 3% du PIB en 1999 et 4, 8% en 2008. En dollars constants, elles ont passé de 377'228 millions de dollars en 2000 à 663'255 en 2009 (octobre-octobre), selon la base de données de l’Institut suédois respecté: le SIPRI ( Stockholm International Peace Research Institute).
1. Les champs pétroliers «traversent» les frontières, sous terre ! Il s’agit ici du champ de Rumaillah qui aurait pu être «pompé» depuis le Koweït et donc le contrôle ou partage était disputé.
2. Voir sur le développement de ce mouvement l’ouvrage de Patrick Cockburn, Muqtada. Muqtada al-Sadr, the Shia Revival, and the Struggle for Iraq, Ed Scribner, 2008.
3. Roger Stern , United States cost of military force projection in thePersian Gulf, 1976–2007 , in Ernergy Policy, Elsevier, june 2010
Charles-André Udry,
3 septembre 2010.
(alencontre.org)
http://www.npa2009.org/content/usa-les-fausses-fenetres-d%E2%80%99un-depart-alencontreorg
1-3 Le bilan SELON des médias pro-USA.
1 La guerre de l'Irak a coûté (ndlr : jusqu’à présent) 709 milliards de dollars aux contribuables
01/09/2010
L'Office du budget du Congrès américain (CBO) a publié un bilan des coûts de 709 milliards de dollars de la guerre en Irak. " Ces chiffres représentent tous les frais militaires américains, dont des sommes consacrées à la formation des forces irakiennes et aux opérations diplomatiques en Irak", selon ce même bilan. 2008 a été l’année la plus coûteuse, durant les huit années de présence militaire américaine en Irak", note le rapport de la CBO. Et ce, alors que selon une organisation observatoire indépendante aux Etats-Unis, environ 54 milliards de dollars des impôts que payent les contribuables américains ont été dépensés pour la reconstruction de l'Irak, et que plus de 10% de ces sommes ont été gaspillés dans des projets de construction inutiles ou inachevés.
http://french.irib.ir
2 Des milliards de dollars ont été gaspillés dans la reconstruction en Irak.
Une prison de 40 millions de dollars (31,5 millions d’euros) vide, dans le désert près de Bagdad.
Un hôpital pour enfants de 165 millions de dollars (130 millions d’euros) inoccupé.
Une station d’épuration de 100 millions de dollars (78,7 millions d’euros) à Fallouja, où les eaux usées continuent de s’écouler dans la rue.
Tandis que les soldats américains quittent l’Irak, des centaines de projets de construction ont été abandonnés ou demeurent inachevés.
Une prison de 40 millions de dollars (31,5 millions d’euros) vide, dans le désert près de Bagdad. Un hôpital pour enfants de 165 millions de dollars (130 millions d’euros) inoccupé.
Plus de cinq milliards de dollars (3,9 milliards d’euros) ont ainsi été gaspillés, selon les services de l’inspecteur général spécial pour la reconstruction en Irak (Sigir) après analyse de plus de trois cents audits. La somme disparue représente plus de 10 % des 53,7 milliards de dollars (42,3 milliards d’euros) dépensés par les Etats-Unis pour rebâtir l’Irak, note l’organisme de surveillance créé par le Congrès américain et dirigé par Stuart Bowen.
Des centaines de commissariats, d’infrastructures de sécurité, des ports pétroliers comme à Oum Qasr (sud) ont été remis en état. Mais dans de nombreux cas, des projets mal ficelés voire irréalistes, une mauvaise répartition des tâches, des doublons et des malfaçons ont abouti à faire partir des milliards de dollars en fumée.
L’exemple de gâchis le plus flagrant est une prison avec sa douzaine de miradors et de hauts murs en béton qui a surgi dans le désert à Khan Bani Sadr, au nord de Bagdad. Les seuls signes de vie aperçus il y a peu dans cet établissement conçu pour 3 600 détenus sont un poste de garde à l’entrée, et deux agriculteurs exploitant un champ voisin.
Le gouvernement américain, qui avait confié en 2004 la construction de cette prison à l’entreprise californienne Parsons, a résilié le contrat en juin 2006, en raison des retards pris par rapport au calendrier prévisionnel et des "dépassements massifs" des coûts initiaux. L’entreprise a répondu avoir fait ce qu’elle pouvait, dans une région en proie à l’insurrection et aux violences. Les Etats-Unis ont finalement abandonné le projet en juin 2007 et remis l’établissement au ministère de la justice irakien, qui a refusé d’"achever, occuper et assurer la sécurité" de cette prison, selon le Sigir. Des matériaux de construction d’une valeur dépassant 1,2 million de dollars (950 000 euros) ont été abandonnés sur place. "Quarante millions de dollars gâchés dans le désert", souligne Stuart Bowen.
La coordination avec les autorités irakiennes laisse aussi à désirer. Shaymaa Mohammed Amin, directrice du comité de reconstruction et de développement de la province de Diyala, au nord-est de Bagdad, raconte ainsi comment les Américains lui ont livré une clinique... construite sans escaliers.
Une autre fois, poursuit-elle, ils ont mis en service une usine fabriquant du miel de datte, un aliment qui ne fait pas partie des priorités dans un pays où plusieurs écoles de la région manquent du nécessaire. Ces équipements, "nous avons été presque forcés de les prendre. Des sommes énormes ont été gâchées", constate Mme Amin.
A Fallouja, dans le centre du pays, les Etats-Unis avaient confié en 2004 à l’entreprise FluorAMEC un contrat pour la construction d’une nouvelle station d’épuration. Mais il était irréaliste "de penser que FluorAMEC pouvait entamer la construction de ce projet, et encore moins le terminer, alors que de violents combats se déroulaient quotidiennement" alors contre l’insurrection, a conclu un audit. L’usine de retraitement est aujourd’hui pratiquement terminée, avec quatre ans de retard et plus de trois fois le coût de départ. Les capacités de la station ont été revues à la baisse, et elle ne pourra servir qu’un tiers de la population. Il manque de toute façon les canalisations nécessaires pour raccorder les égouts de certains quartiers à la station d’épuration, selon la municipalité. Résultat, les eaux usées continuent à se déverser dans certaines rues.
A Bassora (sud), un hôpital pédiatrique dont la construction devait être achevée en décembre 2005 n’a toujours pas ouvert ses portes. Le budget initial de 50 millions de dollars (39,4 millions d’euros) a largement été dépassé, pour atteindre 165 millions de dollars (130 millions d’euros). Quant aux équipements médicaux, censés être à la pointe du progrès, ils sont déjà dépassés
Publié le : lundi 30 août
http://www.egaliteetreconciliation.fr/Des-milliards-de-dollars-auraient-ete-gaspilles-dans-la-reconstruction-en-Irak-3994.html
3 Nouri al-Maliki : «L'Irak devient aujourd'hui un pays souverain».
Nb : Ndlr : La publication de l'article ou analyse ne signifie nullement que la rédaction partage le point de vue ou l'analyse des auteurs mais doit être vu comme information
Le premier ministre irakien Nouri al-Maliki a estimé mardi, au dernier jour de la mission de combat de l'armée américaine dans ce pays, que l'Irak était désormais «un pays souverain et indépendant» assurant que son armée était capable d'y assurer la sécurité.
«C'est un jour qui restera dans les mémoires de tous les Irakiens. L'Irak devient aujourd'hui un pays souverain et indépendant», a estimé M. Maliki dans un discours retransmis par la chaîne publique Iraqiya.
«Malheureusement, nous sommes confrontés à une campagne de scepticisme et nous sommes sûrs que son objectif est d'empêcher le retrait», a-t-il déclaré.
«Je vous réaffirme que les forces de sécurité irakiennes sont capables d'assumer leurs responsabilités», a martelé le chef du gouvernement.
Plus de sept ans après la chute de l'ex-dictateur Saddam Hussein, la situation est encore loin d'être stabilisée en Irak, théâtre d'un regain d'attentats ces dernières semaines. Et faute d'accord entre les partis politiques, aucun nouveau gouvernement n'a toujours été formé à la suite des élections du 7 mars.
Venu en Irak pour marquer avec les troupes le début d'une nouvelle page de la présence militaire américaine, le vice-président américain Joe Biden devait profiter de cette visite pour exhorter de nouveau les dirigeants irakiens à mettre de côté leurs intérêts pour forger un gouvernement incluant toutes les tendances.
Comme il s'y était engagé peu après son investiture en janvier 2009, le président Barack Obama annoncera officiellement mardi soir (minuit GMT) la fin de la mission de combat de ses troupes en Irak lors d'un discours prononcé dans le cadre solennel du Bureau ovale de la Maison-Blanche.
Compte tenu du regain de violences, ce retrait a soulevé l'inquiétude quant à la capacité des forces irakiennes à prendre le relais de la sécurité.
M. Biden s'est efforcé de dissiper les craintes.
«Ca va aller pour nous, et ça va aller pour eux», a-t-il brièvement déclaré lundi soir aux journalistes qui l'interrogeaient sur le regain de violences.
L'armée américaine organisera mercredi en présence de M. Biden, une cérémonie pour le début de sa nouvelle opération en Irak, dite «Aube nouvelle» («New Dawn»), qui portera essentiellement sur l'entraînement des forces de sécurité locales.
Le contingent américain compte actuellement 49.700 hommes, contre 170.000 en 2007, au plus fort des violences confessionnelles.
Aucune manifestation de joie particulière n'est attendue dans les rues irakiennes, contrairement à ce qui avait été observé fin juin 2009 lorsque les forces américaines s'étaient retirées des villes.
«Aujourd'hui, ce n'est pas un tournant. J'étais au café avec des amis hier et personne ne parlait de la fin de la mission de combat», a déclaré Yasser al-Moussaoui, un informaticien de Bagdad de 32 ans. «Cela intéresse plus les Américains.»
Dans un contexte politique incertain à Bagdad, beaucoup d'Irakiens appréhendent surtout le retrait total fin 2011 des Américains.
Le chef de l'état-major irakien, le général Babaker Zebari, a même jugé récemment prématuré le retrait américain, exhortant les États-Unis à demeurer dans son pays jusqu'à ce que l'armée soit complètement prête en 2020.
«Si les hommes politiques continuent à se battre pour les fauteuils, la situation va s'aggraver», a confié Salah Abou al-Qassim, un commerçant du marché de Chorja, dans le centre de Bagdad.
M. Biden, dont c'est la sixième visite en Irak depuis janvier 2009, devait notamment s'entretenir avec les chefs des deux principales listes au Parlement, M. Maliki et l'ex-chef du gouvernement Iyad Allawi, dont les ambitions sont souvent citées parmi les raisons du blocage actuel.
«Sans un gouvernement élu, il va être difficile pour l'Irak de régler les grandes questions qui demeurent», a déclaré lundi soir aux journalistes à Bagdad son conseiller pour la sécurité nationale, Tony Blinken.
Jacques ClementAgence France-PressePublié le 31 août
http://www.cyberpresse.ca/international/moyen-orient/201008/31/01-4311270-lirak-devient-aujourdhui-un-pays-souverain.php?utm_source=bulletinCBP&utm_medium=email&utm_campaign=retention
4 Irak : une nouvelle aube ?
Nb : Ndlr :La publication de l'article ou analyse ne signifie nullement que la rédaction partage le point de vue ou l'analyse des auteurs mais doit être vu comme information.
De la Tempête du désert déclenchée par George W. Bush à l'Aube nouvelle annoncée par Barack Obama, sept années auront passé.
Cette guerre d'Irak, « guerre stupide », avait déclaré alors l'actuel président américain, guerre que nous n'avons pas voulue, aura sans doute été l'une des plus néfastes qu'ait connue le Moyen-Orient. Pour abattre un dictateur abominable, on a cassé un pays.
Le bilan est effrayant pour les Irakiens : 250 000 morts, des dizaines de milliers de blessés, 700 000 veuves, un à deux millions d'orphelins (on ne sait pas), entre trois et quatre millions de personnes déplacées à l'intérieur ou à l'extérieur du pays... Côté américain, des milliers de morts (4 500), des dizaines de milliers de blessés (30 000).
De plus, le pays est ravagé, les réseaux d'électricité déficients, la production de pétrole inférieure à ce qu'elle était sous Saddam Hussein. La population, en grande difficulté, souffre.
Des choix politiques erronés ont provoqué ce désastre, à commencer par la dissolution soudaine et brutale de l'armée irakienne et de l'administration en place. On a ainsi plongé dans la misère et la révolte officiers, soldats et fonctionnaires. De là, sont nées les factions extrémistes et fondamentalistes qui ont pu s'armer aisément dans les dépôts de Saddam Hussein laissés à l'abandon et sans surveillance par l'armée américaine. Celle-ci, en outre, a fermé les yeux pendant trop longtemps sur les pillages, les violences, les règlements de comptes qui ont suivi . Tout était fait pour conduire au chaos.
Le pari du développement
Aujourd'hui, l'Irak, pays artificiel, certes, mais comme beaucoup d'autres dans cette région, est plus divisé que jamais. Les élections de mars n'ont pas dégagé de majorité de gouvernement, mais révélé l'éparpillement politique qui divise les diverses populations, même au sein des ethnies ou des religions. L'armée, elle-même en voie de reconstruction, est traversée par différents courants. C'est la désunion générale.
La guerre a cessé, c'est vrai. Les Américains peuvent donc dire qu'ils ne sont plus en guerre. Ils s'en vont, au moins partiellement, et les Irakiens sont soulagés, mais il n'y a rien à la place et ils s'en inquiètent car l'expression violente des conflits internes se poursuit, exigeant forces spéciales et « conseillers » américains. Certains hauts dignitaires de l'armée irakienne estiment même que ces conseillers devraient rester jusqu'en 2020.
En ce qui concerne l'extérieur, l'Iran poursuit ses objectifs et ses calculs à long terme. L'Irak est, en effet, son premier marché et la vieille idée religieuse de regroupement des chiites demeure. La Syrie veut garder de l'influence sans pour autant se mettre à dos l'Arabie Saoudite qui, elle-même, s'inquiète du retrait américain. Ces derniers, dit-on, aimeraient que le futur gouvernement irakien ait une politique claire et non hostile à l'Iran. La situation est donc encore plus complexe qu'avant la guerre. Le rêve de George W. Bush qui, par la guerre, voulait « épargner de grands dangers au monde et instaurer la démocratie », s'est évanoui en fumée et mué en destruction.
Aujourd'hui, avec Aube nouvelle, Barack Obama transfère les responsabilités des militaires combattants à des militaires bâtisseurs chargés de la reconstruction du pays. Que ne l'ont-ils intensifiée plus tôt ! Mais la corruption qui a englouti des sommes faramineuses va-t-elle cesser pour autant ? Si oui, de vrais investissements productifs pourraient enfin être réalisés. C'est un nouveau pari qui commence, dans la difficulté, mais celui-là vaut mieux que celui de la guerre.
Plus d'informations dans le journal Ouest-France
04 septembre 2010
http://www.ouest-france.fr/actu/actuDet_-Irak-une-nouvelle-aube-_3632-1498277_actu.Htm?xtor=RSS-4&utm_source=RSS_MVI_ouest-france&utm_medium=RSS&utm_campaign=RSS
5 Abir Taleb : Un pas vers l’inconnu.
Nb : Ndlr : La publication de l'article ou analyse ne signifie nullement que la rédaction partage le point de vue ou l'analyse des auteurs mais doit être vu comme information Les Etats-Unis ont annoncé officiellement la fin de leur mission de combat dans le pays le 31 août.
Une mission qui s’achève sur un bilan peu reluisant : instabilité politique, insécurité et problèmes économiques majeurs.
Longtemps souhaité par les Irakiens qui voyaient en la présence américaine une sorte de « colonialisme », le retrait des forces américaines est aujourd’hui perçu comme un soulagement par les uns et comme une source d’inquiétude quant à l’avenir par les autres. En effet, l’incapacité de la classe politique iraqienne de mettre sur pied un nouveau gouvernement, cinq mois après les législatives du 7 mars dernier, ainsi que l’insécurité chronique ne font rien pour ramener la confiance parmi la population iraqienne.
Sept ans et demi après la chute de Saddam Hussein, les Etats-Unis mettent donc fin à leur mission au moment où le pays connaît un regain de violences que des experts attribuent à un climat politique délétère. Le niveau des attaques est sans commune mesure avec celui des années 2006 et 2007, quand chaque mois 2 000 personnes trouvaient la mort dans les violences confessionnelles entre sunnites et chiites ou des attentats commis par les insurgés.
Mais, depuis le début de l’année, 300 Iraqiens périssent chaque mois de mort violente. Cette montée de l’insécurité coïncide avec l’impasse politique. Le premier ministre sortant Nouri Al-Maliki affirme que ce regain de violences n’est que l’ultime convulsion d’une insurrection à l’agonie, mais beaucoup d’Iraqiens considèrent que l’impasse dans laquelle se trouve la jeune démocratie s’explique par les ambitions personnelles de leurs dirigeants.
L’effectif de l’armée américaine est désormais de 49 700 — soit moins du tiers de ce qu’il était en 2007 — et devrait se maintenir à ce niveau jusqu’à l’été 2011 afin de se consacrer à la formation des forces iraqiennes.
Obama rassurant mais pas convaincant
Se voulant rassurant, le président Barack Obama a affirmé samedi que « la guerre est en train de se terminer » en Iraq, pays « souverain et indépendant ».
La Maison Blanche a affirmé que les Iraqiens étaient capables d’assurer leur propre sécurité. Le président Barack Obama « est certain que le processus de transition d’une mission de combat (des soldats américains) en Iraq à une prise de contrôle de leur sécurité par les forces iraqiennes a été couronné de succès », a déclaré le porte-parole adjoint de la Maison Blanche , Bill Burton. Les Iraqiens « sont capables de prendre en charge leur propre sécurité », a insisté M. Burton.
Pas si sûr, pensent les observateurs. Ce qui inquiète le plus, c’est la crise politique ; la lutte pour le pouvoir pouvant se transformer en lutte confessionnelle. Le chef des forces américaines en Iraq, le général Ray Odierno, ne l’a pas caché, il a fait part de son inquiétude face à la crise politique. « Les gens sont très frustrés et cela représente un danger potentiel si les politiciens n’y prennent pas garde », a-t-il dit.
Les experts évoquent également le climat politique délétère. Cité par l’AFP, Brian Fishman, de New America Foundation de Washington, estime que le retrait des forces américaines « va certes laisser un plus grand espace pour les groupes armés mais le vrai problème, c’est l’impasse politique. Plus elle durera, plus des gens soutiendront ouvertement ou discrètement la violence comme moyen d’ébranler le système ». Le risque est donc là : s’il n’y a pas rapidement de coalition gouvernementale, beaucoup de cicatrices liées au confessionnalisme risquent de se rouvrir.
Or, en décidant ce retrait, M. Obama joue surtout une carte politique interne. A l’approche des élections de mi-mandat, il tient une promesse électorale et tente de gagner l’opinion publique en sa faveur. Dans les faits, la réalité est bien plus complexe et la confiance affichée du président américain en l’avenir de l’Iraq est peu convaincante. Les troupes de combat américaines peuvent se targuer d’avoir renversé un dictateur sanguinaire, mais pour ce qui est de la stabilité politique, du terrorisme et de la cohabitation avec le voisin iranien, leur bilan est bien plus incertain. La présence d’Al-Qaëda en Iraq représente toujours des menaces importantes.
Aussi, l’affaiblissement de l’Iraq après la chute du pouvoir sunnite de Saddam Hussein a levé un obstacle devant l’Iran chiite, au grand dam des Etats arabes du Golfe, qui voient désormais la République islamique comme la principale menace dans la région, ce qui en fin de compte fait les affaires de Washington.
http://hebdo.ahram.org.eg/arab/ahram/2010/9/1/marab0.htm
2/9/2010
6 Salam al-Khavaji : Les Irakiens redoutent une déstabilisation accrue après le retrait de l’armée américaine.
Interview accordée par Salam al-Khavaji à RIA NovostiLe 31 août est le jour de l’achèvement officiel de la mission militaire des États-Unis en Irak.
Ce jour a débuté dans un silence crispé à Bagdad : la ville est pratiquement vide, les habitants redoutent une recrudescence des attentats et une escalade de la violence. Ils préfèrent donc ne pas quitter leurs maisons.Les rues sont patrouillées par des détachements renforcés de l’armée. L’armée irakienne a également investi les innombrables postes de contrôle qui parsèment la capitale du pays. Il semble que les autorités locales fassent davantage confiance à l’armée qu’à la police.Toutefois, la majorité des observateurs estiment que les forces irakiennes ne sont pas encore en mesure d’assurer l’entière responsabilité de la sécurité intérieure et de la protection des frontières du pays.Conformément à l’accord(…) passé en novembre 2008 entre Washington et Bagdad, près de 50 000 militaires américains devront rester en Irak après le retrait des troupes de combat américaines prévu pour le 1er septembre 2010.
Ces 50 000 militaires continueront à former les forces irakiennes à la sécurité et à leur accorder un soutien lors des opérations militaires. Ces unités sont sensées quitter l’Irak d’ici 2012.La situation politique actuelle en Irak est compliquée : les principales forces politiques continuent leur lutte pour le pouvoir et cela fait six mois qu’elles n’arrivent pas à former un nouveau gouvernement.
De ce fait, l’intégrité même des forces de sécurité est menacée car l’armée et la police irakiennes ne reposent pas sur un principe ethnique.Après le départ des Américains, toutes ces structures de sécurité laborieusement édifiées par eux, risquent de s’éparpiller pour aller rejoindre divers groupes ethniques hostiles et ce sera la fin de l’armée irakienne.Ce danger paraît parfaitement réel dans les conditions où la méfiance règne entre les communautés kurdes et arabes, sunnites et chiites.On redoute également en Irak que le vide politique apparu après le départ des Américains ne soit rempli par les puissances régionales, à savoir par l’Iran chiite, d’un côté, et par les États arabes sunnites, de l’autre. Cela pourrait conduire à une recrudescence de l’animosité religieuse, plus violente encore qu’en 2006-2007.Les Irakiens se sont opposés pendant sept ans à l’occupation américaine, notamment en recourant à la résistance armée. Ils sont, sans aucun doute, heureux qu’elle touche à sa fin. En même temps, ils sont anxieux et se demandent si l’Irak est en mesure de s’opposer tout seul aux menaces intérieures et extérieures.De nombreux Irakiens espéraient en 2003 que l’arrivée des Américains conduirait à une amélioration de la qualité de leur vie. Ils ont en effet pu accéder à la télévision par satellite et à la téléphonie mobile interdites sous Saddam Hussein, toutefois ils sont obligés de constamment faire face à des pénuries d’électricité et d’eau et à une dégradation des systèmes d’éducation et de santé.
Salam al-Khavaji
01/09/2010
http://fr.rian.ru/discussion/20100901/187337325.html
2 Les Brèves
Ndlr : PS : la publication des articles ou analyse ne signifie nullement que la rédaction partage toutes les analyses des auteurs mais doit être vu comme information
Marc
2-1 Conflit interne Bagdad-Kurdistan pour le partage de la manne pétrolière…
Alors même que les troupes américaines se retirent progressivement d'Irak, c'est au sein même de la population que les tensions se creusent, certes encore une fois sur fond de fortes odeurs de pétrole ...
Le ton monte en effet entre le gouvernement central de Bagdad et la région autonome du Kurdistan. L'objet de la discorde : la signature d'un accord avec l'allemand RWE en vue d'exploiter des champs gaziers situés dans la partie kurde de l'Irak.
En réaction aux vives critiques émise par le gouvernement central de Bagdad, lequel désapprouve l'opération, le responsable des relations extérieures du gouvernement du Kurdistan, Falah Mustafa, s'est en pris vivement au ministère irakien du Pétrole.
Alors que la veille, ce dernier avait qualifié "d'illégal" l'accord avec RWE, Falah Mustafa a déclaré dans un communiqué que le Kurdistan n'attendrait pas "les ordres d'un ministère inapte qui a dépensé des milliards de dollars sans fournir aucun service élémentaire, comme l'électricité et l'énergie, ces dernières années".
"Tout contrat ou accord signé en dehors du cadre légal, c'est à dire avec la Somo (State Oil Marketing Organization), est illégal", affirmait préalablement un communiqué du ministère. Précisons à cet égard que ladite Somo, dépendante du ministère, est un organisme chargé de collecter les revenus pétroliers et de signer des contrats dans le domaine. "Personne, en dehors du ministère, n'a le droit de signer un contrat d'exportation du pétrole ou du gaz", martelait par ailleurs le communiqué.
"Nous sommes convaincus que les contrats pétroliers entre le gouvernement du Kurdistan et les compagnies étrangères sont légaux et conformes à la Constitution car ils ont été signés selon la législation du Kurdistan", estime néanmoins pour sa part M. Mustafa.
Pour rappel, le Kurdistan n'exploite à l'heure actuelle que le champ gazierde Hormok, près de Kirkouk. Celui-ci produit environ 160 millions de pieds cubes par jour depuis octobre 2008 en vue d'alimenter les centrales électriques de la région.
A noter que la réaction du gouvernement irakien est loin d'être une "première" : la mise en oeuvre de contrats passés entre les compagnies pétrolières et le Kurdistan irakien provoque régulièrement l'ire du gouvernement central irakien sur fonds de partage de la manne pétrolière. Si le 6 mai dernier, les deux parties avaient certes trouvé un accord qui devait permettre la reprise des exportations et de la production, interrompue depuis octobre 2009, il n'a toutefois jamais été appliqué.
Le problème demeure en suspens dans l'attente de la nomination d'un nouveau gouvernement irakien.
A lire également :
. Irak : remise en cause du contrat signé avec RWE (Allemagne
. Kurdistan irakien : 1ères exportations de pétrole
. MOL (Hongrie) / OMV (Autriche) et Dubai : accords pour alimenter Nabucco via le Kurdistan irakien
. Différend Irak/Norvège sur le paiement des exportations de pétrole
. Irak : Allawi et Maliki rompent leurs négociations
http://www.leblogfinance.com/2010/08/irak-conflit-interne-bagdadkurdistan-pour-le-partage-de-la-manne-petroliere.htmlhttp://www.leblogfinance.com/assets_c/2010/08/Kurdistan_Oil_Map-115848.html
2-2 Affaire « Pétrole… sans nourriture »
Le Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l’ONU a annoncé le 19 juillet 2010 (1) que de « nombreux besoins » en nourriture, et en abris pour les « personnes déplacées » – euphémisme utilisé pour désigner les Irakiens victimes des opérations de nettoyage ethnique organisées par les milices pro-iraniennes - prévus par son Plan d’action 2010 ne pourront pas être assurés, faute de moyens financiers.
Extraits du communiqué :
- Les distributions de nourriture à 800.000 femmes enceintes et allaitantes et à des enfants mal-nourris ont dû être suspendues,
- Les distributions de nourriture à 960.000 enfants allant à l'école ont également été suspendues,
- Les conditions d'existence de 500 000 personnes affectées par la sécheresse dans les gouvernorats de Soulimaniya et Dohouk sont menacées,
- Le plan d'action pour aider 22.500 familles déplacées vulnérables avec des abris d'urgence va devoir être suspendu. Des milliers de ménages vont devoir continuer à vivre dans des abris de fortune, sans pouvoir se protéger des conditions climatiques extrêmes.
Où passe l’argent du pétrole ?
Sept ans après l’invasion de l’Irak et le renversement du Président Saddam Hussein, le régime de Bagdad rongé par la corruption (2) quémande toujours des fonds à des pays donateurs, mais avec de moins en moins de résultat. Cette année, sur 187,7 millions de dollars requis pour la mise en œuvre du plan humanitaire de l’ONU, seulement 12% des promesses de financement ont été honorés. Et pour cause : selon Hussein al-Sharistani, ministre du Pétrole, les revenus pétroliers irakiens se montent à 171 milliards de dollars pour la période 2006 /2009. L’Irak produit aujourd’hui 2,5 millions de barils de brut par jour. Question : où passe l’argent du pétrole ?
A Bagdad et à Erbil (Région autonome du Kurdistan), les contrats dits de reconstruction sont signés avec des entreprises étrangères en fonction des avances sur commissions qu’ils génèrent. Tant pis si les travaux ne sont pas réalisés, pour des raisons de sécurité ou pour engagements non tenus (3). L’inculpation récente de Tarek Aziz pour « dilapidation des deniers publics » - décision prise sans doute pour relancer l’affaire « Pétrole contre nourriture » et faire chanter des personnalités étrangères – ne trompe pas les Irakiens qui savent que l’argent du pétrole engraisse les comptes bancaires ouverts dans des paradis fiscaux par les politiciens et les chefs de milices parvenus au pouvoir en 2003.
Paru le 21 juillet sur le blog « France-Irak Actualité » - http://www.france-irak-actualite.com
Notes :
(1) Iraq : le manque de fonds menace la distribution de l’aide alimentaire
http://www.un.org/apps/newsFr/storyF.asp?NewsID=22456&Cr=Iraq&Cr1=
(2) L’Irak est un pays les plus corrompus au monde, selon l’ONG Transparency International (rapport 2009).
(3) Lire : Sarkozy et le commerce franco-irakien / Arnaques et pièges en tous genres
http://www.france-irak-actualite.com/pages/Sarkozy_et_le_commerce_francoirakien_avril_2009-1982461.html
(4) Irak : quand le pétrole assure des revenus juteux
http://www.leblogfinance.com/2010/07/irak-quand-le-petrole-assure-des-revenus-juteux.html
Rédaction et traduction : Gilles Munier, Xavière Jardez
3 Déclaration, courrier des lecteurs & témoignage
Ndlr : La publication des articles ou analyse ne signifie nullement que la rédaction partage toutes les analyses des auteurs mais doit être vu comme information
3-1 Gilles Munier : Tarek Aziz peut enfin parler.
Son seul regret : s’être rendu aux troupes d’occupation.
Le journaliste Martin Chulov, de The Guardian, a pu interviewer Tarek Aziz dans sa nouvelle prison (1), au retour du Tribunal de la Zone verte où le régime de Bagdad l’a impliqué dans une nouvelle affaire.
C’est la première fois que l’ancien vice-Premier ministre irakien est autorisé à s’adresser à un étranger en dehors des geôliers du Camp Cropper, des enquêteurs de l’ONU, de la CIA , du MI6…. et du juge français Philippe Courroye.
Visiblement affaibli par la maladie et « sept ans et quatre mois » d’incarcération, il se présente comme un « nationaliste arabe loyal » et nie toutes les accusations portées contre lui.
Il n’a jamais, dit-il commis de crime contre des civils, des militaires ou des religieux. Sur des centaines de plaintes déposées contre le régime baasiste, personne ne l’en a d’ailleurs accusé nommément. En temps qu’ancien membre du Conseil de Commandement de la Révolution (CCR), vice-Premier ministre, ministre des Affaires étrangères, on peut tout au plus évoquer contre lui une « culpabilité par association ». Pendant 30 ans, il a défendu les positions de son pays, même lorsque qu’il n’y était pas favorable.
Cela avait été le cas, en 1990, lorsque l’Irak a envahi le Koweït, parce que cette décision débouchait sur une guerre contre les Etats-Unis, mais que l’on ne compte pas sur lui pour émettre des critiques. Ce n’est pas un opportuniste. L’heure viendra peut-être pour lui d’écrire ses mémoires, et à ce moment là il donnera sa version des évènements. Son seul regret, c’est de s’être rendu aux troupes d’occupation, le 24 avril 2003. C’était une décision grave, prise pour sauver sa famille qui a pu quitter l’Irak pour Amman à bord d’un avion étatsunien. Quelques jours plus tôt, il avait rencontré Saddam Hussein, dans le quartier Mansour à Bagdad, pour lui réaffirmer son soutien, et lui dire au revoir.
« L’Iran est notre pire ennemi »
Tarek Aziz rappelle que Saddam Hussein et lui avaient été choqués par les attentats du 11 septembre et révèle que l’ancien président irakien lui avait demandé de l’écrire à Ramsey Clark, ministre de la Justice - Attorney general - sous le Président Johnson et opposant à la guerre du Golfe. C’est à partir de ces attentats qu’il est devenu évident que l’Irak allait être envahi, mais il ne pensait pas que cela déboucherait sur la chute de Bagdad 18 mois plus tard : «Bush et Blair ont menti intentionnellement », dit-il, « Ils étaient tous deux pro-sionistes. Ils voulaient détruire l'Irak pour le bien d'Israël, non pas pour les États-Unis et la Grande-Bretagne ». Dépositaire de tous les secrets du pays, notamment pendant la période d’embargo, il savait que l’Irak n’avait ni armes de destruction massive, ni programme pour en fabriquer. Tarek Aziz a confirmé les déclarations de Saddam Hussein aux enquêteurs de l’ONU, à savoir qu’il avait laissé planer le doute sur l’existence d’un programme d’armement de l’Irak pour dissuader l’Iran d’attaquer. « L’Iran est notre pire ennemi », dit-il. « Saddam était un homme fier. Son devoir était de défendre la dignité de l’Irak ». A la question de savoir si la fierté ne l’a pas emportée sur la sagesse, et si elle n’a pas conduit à la destruction de son pays », il répond : « Nous sommes Arabes, nous sommes nationalistes arabes. Nous devons être fiers ». Aujourd’hui, l’Iran « développe un programme d’armement. Tout le monde le sait et personne ne fait rien. Pourquoi ? ».
« Obama laisse l’Irak aux loups »
Alors que tous ses amis craignaient pour sa santé depuis son transfert du Camp Cropper, Tarek Aziz affirme qu’il est bien traité. Tant mieux, et on espère qu’il en est de même pour ses compagnons. Il dispose de l’air conditionné, des médicaments qui lui sont prescrits et peut prendre l’air dans un petit jardin à proximité de sa cellule. Il suit l’actualité de sa prison, à la télévision, et est horrifié par ce qu’il voit : « Pendant 30 ans, Saddam a bâti l’Irak, et maintenant le pays est détruit. Il y a plus de malades que dans le passé, plus de faim. Les services étatiques n’existent plus. Des gens sont tués tous les jours par dizaines, sinon par centaines. Nous sommes les victimes de l’Amérique et de la Grande-Bretagne …(…)... Ils ont tué notre pays ». « Quand Obama a été élu président, je pensais qu’il allait corriger certaines erreurs de Bush. Mais, c’est un hypocrite. Il laisse l’Irak aux loups » (2).
Un pas vers la « réconciliation » ?
Dernièrement, le Haut tribunal irakien a libéré Khamis Sirhan al-Muhammadi (3), ancien gouverneur de la province de Kerbala - n° 54 des dirigeants les plus recherchés par les occupants (4), faute de preuve à charge sur sa participation à l’assèchement des marais du sud du pays. Au moment où les Etats-Unis réduisent la présence de leurs troupes en Irak, et où il est question d’un soi-disant gouvernement d’union nationale, cette opération de communication décidée par Nouri al-Maliki marque-t-elle un pas dans le processus dit de réconciliation voulu par les Etats-Unis ? En tout cas, l’événement ne déplait pas à Iyad Allaoui. Quand il a appris que The Guardian allait interviewer l’ancien vice-Premier ministre, il a fait dire au journaliste : « Dites à Tarik Aziz qu'il est mon ami et que je pense souvent à lui. C’est un homme bon… C’est une erreur de le garder enfermé depuis si longtemps». Facile à dire aujourd’hui : s’il l’avait libéré entre mai 2004 et avril 2005, lorsqu’il était au pouvoir, l’Irak n’en serait sans doute pas là.
Notes :
(1) Tariq Aziz: ' Britain and the US killed Iraq . I wish I was martyred
http://www.guardian.co.uk/world/2010/aug/05/iraq-us-tariq-aziz-iran
(2) Saddam Hussein deputy Tariq Aziz calls for US forces to stay in Iraq
http://www.guardian.co.uk/world/2010/aug/05/tariq-aziz-interview-iraq
(3) Saddam regime commander on US most wanted list released from Iraq prison after 6 years
http://www.brandonsun.com/world/breaking-news/former-militia-commander-from-saddams-regime-released-from-iraq-prison-after-6-years-99926684.html?thx=y
(4) Khamis Sirhan al-Muhammadi, membre du Commandement régional du parti Bass, un des dirigeants de la résistance dans la province d’Al-Anbar, a été arrêté le 11 janvier 2005 contre le versement de 1 million de dollars à un informateur.
Gilles Munier
Paru le 6 août sur le blog « France-Irak Actualité » - http://www.france-irak-actualite.com
4 Analyse - Géopolitique et stratégie – Réflexion
Ndlr : La publication des articles ou analyse ne signifie nullement que la rédaction partage toutes les analyses des auteurs mais doit être vu comme information
4-1 Après l'Irak, Obama veut "reconstruire" l'Amérique.
Ce fut un étrange discours, et pas forcément le meilleur de Barack Obama.
Lors de son allocution solennelle prononcée mardi soir depuis le Bureau ovale, (sa deuxième seulement, après une première en juin consacrée à la marée noire) pour marquer la fin des opérations de combat en Irak, Barack Obama a même buté sur une des formules un peu grandiloquentes de ses speechwriters.
La phrase fautive évoquait les près de 1,5 millions d’Américains qui ont servi en Irak depuis 2003 et disait : «Ils ont vu la plus sombre des créations humaines, la guerre, et ont aidé les Irakiens à chercher la lumière de la paix »…
Barack Obama a en revanche parfaitement prononcé la formule suivante, aussi lourde soit-elle: « Nos troupes sont l’acier du vaisseau de notre Etat »…
Peut-être était-ce aussi l'effet perturbateur de la toute nouvelle décoration du Bureau ovale.
Barack Obama a profité de ses quelques jours de vacances pour en retirer les dernières reliques de l'ère Bush, et cela tombait particulièrement bien pour ce discours.
Comme annoncé, ce discours a donc célébré le retrait des troupes américaines de combat en Irak (50 000 hommes resteront toutefois encore, le retrait total n'étant prévu qu'en décembre 2011). « Il est temps de tourner la page » a déclaré le président, expliquant qu’il est dans l’intérêt de l’Irak comme des Etats-Unis de passer le relai aux autorités locales. Pour Barack Obama, opposant de la première heure à cette guerre (mais aussi à l’envoi de renforts en 2007 qui ont finalement permis ce départ la tête haute), l’exercice était délicat. C’est peut-être ce qui donne l’impression d’un discours un peu bancal : d’un côté, il a annoncé avoir appelé au téléphone ce mardi son prédécesseur George Bush pour « tourner aussi cette page » des discordes politiques intérieures. « Personne n’a pu douter du soutien du Président Bush à nos troupes, ni de son amour pour le pays, ni de son engagement pour notre sécurité » a lancé Obama le rassembleur : « Il y avait des patriotes qui soutenaient cette guerre et des patriotes qui s’y sont opposés ». Mais au passage, le même Obama a aussi glissé que cette guerre a coûté « des milliers de vies américaines » (plus de 4400 soldats américains tués depuis 2003), coûté de « vastes ressources » et aussi « tendu nos relations » avec l'étranger (avec la France en particulier, mais il n'est pas entré dans les détails).
Le retrait d’Irak permettra aussi aux Etats-Unis de «dédier les ressources nécessaires pour passer à l’offensive » en Afghanistan, a poursuivi Obama, soulignant que c’est là que se mène aujourd’hui encore le combat contre Al-Qaïda. Ce passage peut se lire aussi comme une pique contre Bush, souvent accusé d’avoir dangereusement détourné son attention de l’Afghanistan avec cette guerre d'Irak.
Mais ce discours sur l'Irak a surtout surpris par l’importance de son volet sur... l'économie américaine.
Dès sa première phrase, Barack Obama a annoncé vouloir parler aux Américains non seulement de la fin des combats en Irak, mais aussi du « besoin de reconstruire notre nation ici à domicile ».
Là encore, l’ancienne administration Bush en a repris pour son grade : « Malheureusement, durant la dernière décennie, nous n’avons pas fait le nécessaire pour étayer les fondations de notre propre prospérité ». « Notre tâche la plus urgente est de restaurer notre économie » a poursuivi Obama (en écho à Glenn Beck qui veut plutôt « restaurer l’honneur » de l’Amérique ?) Ce passage exprime bien la nervosité actuelle de la Maison Blanche , forcée de constater que l’embellie économique espérée cet automne… a tourné court. Mais c'est là peut-être aussi une malice de ses tacticiens qui, sous couvert d’un coup de fil et quelques éloges à George Bush, ont ainsi lié les difficultés économiques actuelles… aux erreurs et dépenses inconsidérées de la décennie passée, celle de la guerre d'Irak. Charger Bush tout en faisant mine de vouloir se réconcilier… finalement, ce discours n’est peut-être pas si malhabile qu’il en a l’air.
Mardi soir sur CNN, les experts interrogés à chaud ont relevé une autre dimension qu’ils jugent très positive : même s’il s’était jadis opposé à cette guerre, Obama a longuement loué les soldats américains qui y ont participé. Contrairement à ce qui s’était passé au moment de la guerre du Vietnam, il y a aujourd’hui large consensus pour vanter le « courage » et les « sacrifices » des boys. Barack Obama s’y est en tous cas longuement employé mardi soir… comme d'ailleurs Glenn Beck et Sarah Palin dimanche lors de leur démonstration de force à Washington.
Photo de Jonathan Ernst pour Reuters.
Le Bureau ovale redécoré, avec nouveaux sofas et surtout ce tapis jaune bordé de cinq citations.
"Nous n'avons rien d'autre à craindre que la peur elle-même" (Franklin Roosevelt).
"Un gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple" (Abraham Lincoln),
"Il n'est pas de problème de la destinée humaine qui ne soit à portée des êtres humains" (John Kennedy), "Le bien-être de chacun d'entre nous dépend fondamentalement du bien-être général" (Theodore Roosevelt)
et enfin Martin Luther King: "La trajectoire de la morale est longue, mais elle se rapproche de la justice".
01/09/2010
http://washington.blogs.liberation.fr/.a/6a0120a56c88fb970b0133f3749efa970b-pi
http://washington.blogs.liberation.fr:80/great_america/2010/09/après-lirak-obama-veut-reconstruire-lamérique.html?xtor=EPR-450206
4-2 Irak. Fiasco historique.
Les États-Unis mettent fin à leurs opérations militaires en Irak. Pour un certain temps encore, 50,000 hommes accompagneront les Irakiens dans la reconstruction de leur État, de leur gouvernement et de leur société.
Barack Obama vient de tirer un trait sur le plus gigantesque fiasco diplomatico-politico-militaire de l'histoire. Bilan: dans cette aventure, les États-Unis d'Amérique ont tout eu faux. Les dommages sont considérables.
D'abord pour l'Irak. Selon le journal français Le Monde il faut compter un minimum de 200,000 morts civiles. Selon la revue The Lancet c'est plutôt 1 million 300,000.
Les chiffres varient également en millions pour les blessés, les handicapés, les orphelins et les enfants nés avec des déficiences physiques ou intellectuelles. De plus, trois millions d'Irakiens, parmis les plus scolarisés et les plus compétents, ont quitté le pays. Et, suite à une élection réputée "correcte" il n'y a toujours pas formation d'un gouvernement. Les conditions de vie n'ont jamais été aussi dégradées. Les interruptions quotidiennes d'électricité en témoignent éloquemment.
Les dommages sont tout aussi colossaux pour les États-Unis.
Les contribuables américains y ont englouti 1,000 milliards$, cumulant une dette publique historique au pire moment d'une crise qui met en péril leur propre capacité de se relancer. Et l'image même des États-Unis est ternie à jamais.
Et que dire des dégâts causés au monde entier. L'intervention américaine en Irak, non seulement n'a -t-elle pas débouché sur une avancée vers une solution au problème d'origine qu'est la situation palestinienne au Moyen-Orient mais encore elle a alimenté la mouvance terroriste dans le monde et produit une influence accrue du régime intégriste iranien dans la région.
Les États-Unis de Georges W Bush sortent gravement affaiblis d'une intervention militaire basée servilement sur les intérêts militaro-pétro-industriels d'une castre privilégiée de multimilliardaires.
La méthode fut perverse: idéologie, cachotteries, diversions et mensonges. En écho qui entend Harper jouer la même partition avec l'obscurantisme, le militarisme et les amis pétroliers de son gouvernement? Pour quels résultats prévisibles?
http://larose.branchez-vous.com/2010/09/irak-le-fiasco-historique.html
4-3 7 ans après la chute de Saddam, quel bilan pour les forces américaines ?
Extrait
“Des décennies de mensonges et de cruauté sont arrivée à leur terme. Saddam Hussein et ses fils doivent quitter l’Irak dans les 48 heures, leur refus d’obtempérer entraînera une action militaire que nous engagerons au moment que nous choisirons… “
Le monde était-il meilleur ou pire il y a 7 ans? Avec cet ultimatum en tous cas, George Bush voulait croire et faire croire qu’une intervention en Irak le rendrait meilleur.
Trois jours plus tard, l’opération “Shock and awe” débute, sensée renverser le régime de Saddam et liquider les armes de destruction massive.
Parallèlement aux bombardements, 100 000 soldats débarquent dans le pays, américains et britanniques sous commandement américain. Ce sont les premiers d’une longue série.
Dès les premiers jours, les combats font rage avec très vite comme résultat : la chute du régime de Saddam Hussein.
L’Irak “libérée” bascule pourtant dans la guerre civile et les Marines sont coincés là-bas.
Au départ, 330 000 hommes font partie de la coalition, américains pour la plus grosse partie .
Avec l’arrivée de Barack Obama en janvier 2009, ils ne sont même plus la moitié, et il n’en restera donc que 49 700 jusqu’en 2011.
Quel bilan tirer de cette opération qui se voulait une libération, et qui a tourné au fil des ans à une occupation mal perçue, sur place, aux Etats-Unis et ailleurs dans le monde.
Une présence impopulaire et contestée.
Jamais aucune arme de destruction massive n’a été trouvée en Irak, pourtant principale justification de l’intervention, le terrorisme n’a pas été affecté, le pays est dans l’impasse et les pertes sont lourdes.
…
En 2004, lors des présidentielles aux Etats-Unis, les effets de la guerre sont encore suffisamment positifs pour permettre à Georges Bush d‘être réélu. Mais 4 ans plus tard, le bilan a changé la donne.
Une majorité d’américains ne comprend pas cette guerre et la présence de leurs troupes là bas.
Dans le monde, et notamment en Europe, l’image de l’Amérique est fortement écornée et le régime de Bush conspué…
A l’image de l’Amérique va-t-en guerre, l’opinion publique préfère celle de ces GI’s qui plient bagages et rentrent enfin chez eux.
30/08
http://fr.euronews.net/2010/08/30/irak-7-ans-apres-la-chute-de-saddam-quel-bilan-pour-les-forces-americaines/
6 Annexe
Pierre De Boishue : La ruée vers l'or noir.
Août 1914: les Allemands avancent vers Paris. Afin de les prendre de vitesse, le général Gallieni réquisitionne les taxis de la capitale. En 48 heures, 7 000 hommes sont acheminés sur le front.
L'offensive ennemie est stoppée grâce à une énergie dont l'exploitation se généralise. «Le pétrole et l'automobile viennent de renverser le cours de la guerre», indique le documentaire La Face cachée du pétrole diffusé sur Arte.
Le film revisite les grandes périodes historiques à travers l'évocation de l'or noir. «Il a fallu plus de 500 millions d'années à la nature pour créer le pétrole et moins d'un siècle à l'homme pour l'épuiser. Entre-temps, il a assuré la prospérité et la fortune de l'Occident», soulignent les auteurs, Patrick Barbéris et Éric Laurent. Leur enquête en deux parties démarre par le volet intitulé «Le partage du monde», riche en images anciennes et en interviews.
L'épopée débute dans les années 1860. Un comptable de l'Ohio découvre l'énorme potentiel d'un marché nouveau. Ce personnage, bientôt multimilliardaire, rachète des exploitations aux fermiers. «L'ascension de Rockefeller préfigure le capitalisme du XXe siècle, explique l'économiste Michaël Watts, parce qu'il est responsable de l'émergence non pas d'une simple compagnie pétrolière nationale, mais d'une société internationale.» En 1911, il part à la conquête de l'Amérique du Sud. Mais ses concurrents s'implantent bientôt à Bakou ou en Indonésie.
Une arme décisive
La Grande-Bretagne, elle, se positionne au Moyen-Orient. Après la Première Guerre mondiale, elle se renforce en Irak, la France jetant son dévolu sur le Liban.
Les années passent. Bien avant Yalta, sept compagnies américaines et anglaises se partagent le monde en 1928. Ensemble, elles redessinent les contours de l'ex-Empire ottoman en nouant une solide alliance.
Dans le second volet, le film se penche sur l'après-1945. Les États-Unis négocient alors l'exclusivité des ressources de l'Arabie saoudite en lui garantissant une protection politique et financière. Les Russes réagissent. Ils lorgnent sur l'Iran et les trésors du futur Azerbaïdjan. «Ce sera le véritable début de la guerre froide», déclarent les réalisateurs. Truman brandit le spectre d'une réplique nucléaire. Staline cède… Les décennies s'enchaînent. Survient le choc pétrolier de 1973.
L'élection de Reagan marque un nouveau tournant dans l'affrontement États-Unis - URSS. «Une fois de plus, le pétrole mais aussi le gaz vont être les armes décisives dans la partie de bras de fer qui oppose les deux grands camps», précisent les journalistes.
Au début des années 1980, l 'Administration américaine fait appel à un banquier ingénieux. «C'est lui qui trouve la faille et élabore la stratégie qui va provoquer l'effondrement de l'Union soviétique », est-il affirmé. Cet homme, dénommé Robinson, plaide pour une politique d'affaiblissement des cours: «Chaque fois que le prix du baril chutait d'un dollar, l'URSS perdait entre un demi-milliard et un milliard de bénéfice», dit-il. Une plongée captivante au cœur d'un Dallas à l'échelle mondiale et à la dimension historique.
Pierre De Boishue 01/09
http://www.lefigaro.fr/programmes-tele/2010/09/01/03012-20100901ARTFIG00368-la-ruee-vers-l-or-noir.php
Tout individu a droit à la liberté d'opinion et d'expression, ce qui implique le droit de ne pas être inquiété pour ses opinions et celui de chercher, de recevoir et de répandre, sans considérations de frontières,les informations et les idées par quelque moyen d'expression que ce soit.
" Déclaration Universelle des Droits de l'Homme - Article 19
n° 499 10/09/10
C.De Broeder & M.Lemaire
L"Irak nouvelle ère" est visible sur ...
a) sur mes blog :
http://journaldeguerre.blogs.dhnet.be/
http://journauxdeguerre.blogs.lalibre.be/
b) Sur le site de Eva Resis : no-war.over-blog.com
c) Sur le site de Robert Bibeau : http://www.robertbibeau.ca/palestine.html & http://boycottisraelinternational.com
d) Sur le site http://turkmenfriendship.blogspot.com/2007/10/journal-dirak-de-m-lemaire.html
Si vous voulez-me contacter ou obtenir le Journal par mail, une seule adresse : fa032881@skynet.be
Sommaire :
Tiré à part
L'Irak dit retrouver sa souveraineté.
L'Irak signe un premier contrat avec une société de sécurité française.
La guerre est finie, les ventes d'armes US décollent.
Le département américain du Commerce effectuera une mission commerciale en Irak.
1 Médias et Manipulation de l’opinion / Vidéos
1-1 Daniel Vanhove : Tenter de démêler le vrai du faux, au fil de l’info…
1-2 Charles-André Udry, : USA : les fausses fenêtres d’un départ.
1-3 Le bilan SELON des médias pro-USA.
1 La guerre de l'Irak a coûté (ndlr : jusqu’à présent) 709 milliards de dollars aux contribuables
2 Des milliards de dollars ont été gaspillés dans la reconstruction en Irak.
3 Nouri al-Maliki : «L'Irak devient aujourd'hui un pays souverain».
4 Irak : une nouvelle aube ?
5 Abir Taleb : Un pas vers l’inconnu.
6 Salam al-Khavaji : Les Irakiens redoutent une déstabilisation accrue après le retrait de l’armée américaine.
2 Les Brèves
2-1 Conflit interne Bagdad-Kurdistan pour le partage de la manne pétrolière…
2-2 Affaire « Pétrole… sans nourriture »
3 Déclaration, courrier des lecteurs & témoignage
3-1 Gilles Munier : Tarek Aziz peut enfin parler.
4 Analyse - Géopolitique et stratégie – Réflexion
Ndlr : La publication des articles ou analyse ne signifie nullement que la rédaction partage toutes les analyses des auteurs mais doit être vu comme information
4-1 Après l'Irak, Obama veut "reconstruire" l'Amérique.
4-2 Irak. Fiasco historique.
4--3 7 ans après la chute de Saddam, quel bilan pour les forces américaines ?
6 Annexe
Pierre De Boishue : La ruée vers l'or noir.
Avant propos
Les militaires américains usent d’un terme générique- Al Qaida- pour désigner les résistants qui osent leur résister...
Tiré à part
L'Irak dit avoir retrouver sa souveraineté.
L'Irak a dit avoir retrouvé sa souveraineté avec la fin des opérations de combat américaines, mardi, s'estimant à même de relever tous les défis pour sa sécurité qui pourraient lui être lancés à l'avenir.
Les effectifs américains sont tombés aux alentours de 50.000 hommes avant la date du 31 août retenue par Barack Obama pour la fin officielle de la mission de combat américaine en Irak.
Le président américain devait solenniser l'événement par une allocution, à 00h00 GMT, en direct du bureau ovale de la Maison blanche. Ce ne sera que la seconde allocution de ce genre depuis son investiture à la Maison blanche, en janvier 2009.
"L'Irak est aujourd'hui souverain et indépendant", a assuré le Premier ministre irakien, Nouri al Maliki, à ses compatriotes lors d'une allocution télévisée.
"Nos forces prendront la tête des opérations visant à assurer la sécurité, à préserver le pays et à éliminer toutes les menaces auxquelles doit résister le pays, à l'intérieur ou à l'extérieur", a ajouté Maliki.
"Avec l'accomplissement du retrait des troupes, nos relations avec les Etats-Unis entrent dans une nouvelle phase, celle entre deux pays égaux et souverains", a-t-il souligné.
La date du 31 août est en grande partie symbolique, car les soldats américains en Irak n'étaient plus depuis quelque temps sur le front et se consacraient déjà à l'entraînement et à la formation des policiers et soldats irakiens.
Les 50.000 hommes qui vont y rester jusqu'à la fin 2011 constituent toutefois une force militaire de premier plan en cas de besoin.
LE BAAS PARLE DE DÉFAITE DES TROUPES US
Le vice-président américain, Joe Biden, s'est rendu lundi à Bagdad pour marquer sur place l'arrêt de la mission de combat et exhorter les dirigeants irakiens à accélérer la formation d'un nouveau gouvernement.
Près de six mois après les législatives du 7 mars, l'Irak ne s'est toujours pas doté d'une nouvelle équipe gouvernementale.
"En dépit de ce que dit la presse nationale sur la poursuite des violences, la vérité, c'est que la situation est très très différente. La situation est bien plus sûre", a déclaré Biden à Maliki mardi, avant qu'ils aient un entretien à huis clos.
Le parti Baas de l'ancien dictateur Saddam Hussein a estimé que l'annonce de la fin de la mission de combat américaine était la conséquence d'attaques "dévastatrices" contre les troupes américaines menées par des "résistants" irakiens.
"Ils se sont retirés à force d'échecs et de défaites, par les mêmes routes qu'ils avaient empruntées pendant leur invasion", dit le Baas dans un communiqué diffusé par certains sites internet irakiens. "La fin de la mission de combat américaine est une vaine tentative de sauver la face (...)".
Nombre d'Irakiens espéraient que les élections du 7 mars augureraient d'une ère de stabilité.
Au lieu de cela, le scrutin risque plutôt d'aggraver les tensions entre communautés si l'alliance interconfessionnelle Irakia de l'ex-Premier ministre Iyad Allaoui est tenue à distance du pouvoir par les factions politiques chiites.
"Je vous ai promis que le conflit intercommunautaire était derrière nous. Nous ne permettrons pas qu'il reprenne. Les Irakiens vivront ensemble comme des frères", a cependant assuré Maliki dans son allocution.
31 août,
http://fr.news.yahoo.com/4/20100831/tts-irak-usa-ca02f96_1.html
L'Irak signe un premier contrat avec une société de sécurité française
L'Irak a signé jeudi pour la première fois un contrat avec une entreprise privée de sécurité française, Gallice, portant sur la sécurisation de l'entrée du ministère des Affaires étrangères à Bagdad,
02-09
http://www.lepoint.fr/bourse/l-irak-signe-un-premier-contrat-avec-une-societe-de-securite-francaise-02-09-2010-1231796_81.php
La guerre est finie, les ventes d'armes US décollent
http://washington.blogs.liberation.fr/.a/6a0120a56c88fb970b0133f3778fcf970b-piL’Irak s’apprête à acheter pour 13 milliards de dollars d’armes et équipements militaires américains, rapporte USA Today ce mercredi. Au moment où Barack Obama célèbre le retrait des troupes de combat américaines, les Etats-Unis négocient avec les autorités irakiennes des contrats géants d’équipements qui feront de ce pays « l’un des plus grands clients au monde » de l’industrie militaire américaine, souligne USA Today. Sur ces 13 milliards de dollars, la moitié sont des contrats déjà finalisés, précise le quotidien, l’autre est toujours en cours de négociation. La liste de course irakienne comprend notamment 140 chars M-1, que les Irakiens ont vu à l’œuvre (à leurs dépens) lors de la guerre du Golfe. Au-delà de ces 13 milliards de dollars, l’armée irakienne a aussi demandé aux Etats-Unis 18 chasseurs F-16, un autre programme de 3 milliards de dollars qui doit encore être approuvé par le Congrès.
Encore équipée de vieux chars soviétiques, l'armée irakienne a été saignée par la guerre contre l'Iran et la guerre du Golfe, puis empêchée de se rééquiper par les sanctions de l'ONU contre le régime de Saddam Hussein, rappelle USA Today. Elle a grand besoin de se reconstituer, et les Etats-Unis sont là -aussi- pour ça.
http://washington.blogs.liberation.fr/great_america/2010/09/irak-la-guerre-est-finie-les-ventes-darmes-us-se-portent-mieux-que-jamais.htmlLe département américain du Commerce effectuera une mission commerciale en Irak.
Le département américain du Commerce a annoncé mercredi qu'il effectuera une mission commerciale historique en octobre en Irak, la première du genre depuis la fin des missions de combat américaines dans le pays.
Francisco Snchez, sous-secrétaire au Commerce chargé du Commerce international, dirigera la mission en compagnie des repré sentants de 15 compagnies américains, dont Boeing et General Electric, a indiqué un le ministère dans un communiqué.
Le développement intervient un jour après l'annonce de la fin officielle des opérations de combat en Irak par le président amé ricain Barack Obama. Ce dernier a affirmé que les Etats-Unis ont tenu parole et qu' "il est temps de tourner la page".
"Les relations bilatérales irako-américaines entrent dans une nouvelle phase d'engagement commercial," a indiqué Snchez. "La mission commerciale mettra en contact les compagnies américaines et irakiennes dans un partenariat pour la reconstruction de l'économie irakienne. Cette mission sera économiquement et commercialement bénéfique aux compagnies américaines et irakiennes ainsi qu'aux citoyens d'Irak".
Le département considère la mission, la 24ème mission commerciale depuis l'annonce d'Obama de l'Initiative nationale sur les exportations (NEI) durant son discours sur l'état de l'Union cette année, comme de nouvelles opportunités pour aider les compagnies américaines à accroître leurs exportations et à créer des emplois aux Etats-Unis.
"Cette mission apporte de l'expertise d'affaires dans le pays à un moment crucial et permettra aux compagnies américaines de se positionner pour entrer et étendre leur présence en Irak," a expliqué Snchez.
La mission offrira aux participants américains une étude de marché de première main et un accès aux décideurs gouvernementaux. En outre, les rencontres en tête-à-tête seront arrangées avec des potentiels agents, des distributeurs et des partenaires, selon le département.
Le gouvernement américian voit des grosses opportunités pour une hausse du commerce et des investissements en Irak, dont le Produit intérieur brut (PIB) a plus que doublé depuis 2006, grimpant de 57 milliards de dollars à 112 milliards de dollars en 2009.
2010-09-02 09
http://french.cri.cn/781/2010/09/02/301s227055.htm
1 Médias et Manipulation de l’opinion / Vidéos
Ndlr : PS : la publication des articles ou analyse ne signifie nullement que la rédaction partage les analyses ou point de vue des auteurs, mais doit être vu comme information
1-1 Daniel Vanhove : Tenter de démêler le vrai du faux, au fil de l’info…
La concentration des médias dominants entre les mains de quelques groupes privés est un réel danger pour la démocratie. Et si certains citoyens commencent à le comprendre, il n’en demeure pas moins que ces médias continuent à faire la pluie et le beau temps, en fonction des intérêts qu’ils poursuivent. Intérêts économiques la plupart du temps, mais intérêt idéologique également, puisque par la pérennité de leur idéologie, les intérêts économiques poursuivis pourront se développer d’autant plus aisément.
Ainsi, ces derniers mois, que ne lit-on, n’entend-on ou ne voit-on dans ces mêmes médias, à propos de la situation au Moyen-Orient !?
Entre les menaces – supposées – d’un Iran nucléaire et celles – réelles – d’une déflagration majeure qu’entraînerait son attaque ; le retrait d’Irak de l’armée américaine n’y laissant plus « que » 50.000 hommes malgré la recrudescence des attentats dans un pays qu’ils ont ruiné ; le Pakistan dévasté par les inondations mais secouru par largage de colis humanitaires par ceux-là mêmes qui en poursuivent le bombardement avec leurs drones ; l’accrochage meurtrier à cause d’un arbre à la frontière libanaise, ou encore la polémique suscitée par la reprise des pourparlers directs entre un 1er ministre sioniste allié à une extrême droite profondément raciste et un président palestinien agissant sans mandat… comment s’y retrouver ?
Devant le flot d’informations apparemment contradictoires, ces mises en scène – car, c’est bien de cela dont il s’agit – visent pourtant toutes le même objectif : asseoir et conforter encore et toujours la loi du plus fort, de la pensée dominante et tenter de brimer la voix des peuples bien que majoritaire mais privée de moyens équivalents pour se faire entendre, aux seules fins d’en tirer un maximum de profits.
Ainsi, lorsqu’en l’espace de quelques jours sont exploitées l’image de la jeune Aisha défigurée, celle de Sakineh qui risque la lapidation, ou tout récemment celle d’Ebrahim, jeune homosexuel menacé de pendaison, afin de mobiliser l’opinion publique à l’encontre des régimes politiques qui utilisent de telles méthodes, ne devrait-on pas s’interroger sur l’absence de mobilisation de cette même opinion face aux massacres quotidiens auxquels s’adonnent nos « forces coalisées » dans ces mêmes pays qu’elles prétendent vouloir « libérer » et qui ne font l’objet que d’un entrefilet dans les médias ?
Au-delà des drames qu’ils constituent, cette focalisation sur ces cas particuliers, scrupuleusement identifiés, n’est-elle pas une manipulation pour nous donner bonne conscience et nous indiquer ainsi que malgré nos interventions à coup d’armes de destruction massive contre des populations démunies de l’élémentaire – eau, électricité, nourriture, habitat, médicaments, soins – nous n’aurions pas perdu notre sens altruiste – et qui à vrai dire, escamote de la sorte notre mentalité toujours imprégnée d’un esprit colonial ? Nous soucier soudain de ces cas parmi des milliers d’anonymes que nous ignorons la plupart du temps nous dédouanerait-il de nos méfaits et de notre indifférence coutumière !? Nous sauverait-il notre restant d’âme !? La belle affaire ! Et surtout, la magistrale hypocrisie : il est effectivement plus facile de brandir ces cas particuliers et d’ignorer la loi du grand nombre que l’on continue à asservir et massacrer avec nos redoutables technologies… au point d’en rendre impossible par la suite l’exploitation des corps déchiquetés, pulvérisés, méconnaissables en Une de magazines à sensations… Nous voilà de la sorte, parvenus à stigmatiser sans sourciller, la « barbarie » de l’un ou l’autre cas… pour mieux cacher la nôtre qui poursuit ses largages de bombes à fragmentation, au phosphore, à l’uranium appauvri quand ce n’est pas ses mines antipersonnel qui continueront à tuer des innocents une fois que nos « boys » auront plié bagages et rentreront au pays en héros, fiers du « travail accompli ». Se sentir appartenir à cette société-là ne tient plus d’un mauvais rêve, mais d’un vrai cauchemar !
L’autre évènement qui devrait retenir notre attention dans la manipulation de l‘information est la dernière attaque de la résistance palestinienne à l’encontre de quatre colons israéliens dans la région de Hébron, au sud de la Cisjordanie. Comme toujours dans pareil cas, l’information qui nous est relayée en boucle souligne la sauvagerie de l’agression face au chagrin inconsolable de la communauté endeuillée. Nulle part n’entendrez-vous que quelques heures auparavant, une poignée de colons de cette même région de Hébron a mitraillé une dizaine de Palestiniens travaillant dans leurs champs. Après tout, ce fait divers est courant sinon quotidien. Et que sont ces Palestiniens, autrement dit ces Arabes, face aux pieux israéliens établis là pour expier nos crimes et « parce que Dieu leur a donné cette terre » !? Et nulle part non plus, n’est signalé que Hébron est probablement la ville palestinienne où sévissent les colons les plus radicaux que l’on puisse trouver en Palestine – en vérité, de vrais timbrés ! Tous ceux qui se sont rendus dans la région peuvent en témoigner. Comme nulle part non plus n’est rappelé par ces médias tellement consciencieux que TOUTES les colonies ont été déclarées illégales par l’ONU. En revanche, il ne faut pas longtemps pour qu’ils insistent sur le soutien de cette action par les diverses organisations de résistance – traitées, cela va sans dire, de « terroristes » – et dans le même temps, sa condamnation par les autorités officielles… s’abstenant de blâmer la présence de ces colons à cet endroit !
Et à bien lire ces condamnations répétées, que peuvent encore faire les Palestiniens ?
- Ils ne peuvent ni fomenter des attentats kamikazes à cause du risque de tuer des civils – nous seuls y sommes autorisés avec nos armes redoutables… sous prétexte d’apporter la « civilisation » en pays barbares ;
- Ni envoyer des roquettes à l’aveugle, lié au même risque de tuer des civils – nous seuls sommes habilités pour ce genre d’opération et à l’aide de nos drones… nous ne laissons que des « dommages collatéraux » ;
- Ils ne peuvent pas s’opposer au vol de leurs terres par la poursuite de la construction du Mur – qu’une large majorité de pays a bien décrété comme illégale, via la Cour Internationale de Justice de La Haye en 2004… mais dont nous sommes toujours incapables d’ordonner l’arrêt ;
- Il leur est interdit de s’armer pour se défendre d’une occupation que la Communauté internationale reconnaît pourtant comme illégale à travers de multiples Résolutions onusiennes… inappliquées ;
- Sans parler de Gaza, ce laboratoire où ils sont encagés tels des rats, et où l’occupant y expérimente le pire, les obligeant d’ailleurs à creuser des galeries pour survivre sans qu’aucun Etat occidental n’ait le courage de condamner sans la moindre ambiguïté l’entité sioniste pour l’ignominie de ses crimes ;
- Ils peuvent tout au plus défiler pacifiquement, et encore, en évitant le jet du moindre caillou vers l’armée d’occupation… sous peine de finir dans les geôles israéliennes pour quelques années ;
- Et ils sont en outre, priés de garantir la sécurité de l’occupant en traquant tous ceux qui veulent lui résister – ce à quoi s’emploie très bien les représentants de l’autorité palestinienne du président non élu M. Abbas… transformés ainsi en collabos actifs.
Et derrière les blabla d’un processus-de-paix-de-papier, à quoi assiste-t-on ? A rien d’autre que la poursuite quotidienne de la colonisation de la Palestine par l’entité sioniste avec à la clé, un énième round de négociations dont tout le monde sait que les dés sont pipés d’avance. L’âne palestinien Abbas pousse donc son vieux museau vers le bœuf Netanyahu dont il sait ne rien devoir attendre. Pourquoi l’âne, me direz-vous ? Parce qu’il n’y a qu’un âne que l’on fait avancer avec une carotte d’une main, et le bâton US de l’autre ! Et pourquoi le bœuf alors ? Parce que le 1er ministre sioniste me semble en avoir l’attitude grossière. Mais cette fois, ceux-là ne seront pas penchés sur un nouveau-né. Ils ne pourront que constater l’avortement programmé d’un Etat croupion qui ne s’établira jamais sur les quelques parcelles émiettées que lui destine l’occupant obtus du bout de ses naseaux.
4 septembre 2010
Daniel Vanhove – Observateur civil02.09.10 http://www.legrandsoir.info/Tenter-de-demeler-le-vrai-du-faux-au-fil-de-l-info.html
1-2 Charles-André Udry, : USA : les fausses fenêtres d’un départ.
Mardi 31 août 2010, officiellement, le président des Etats-Unis a «mis fin aux opérations de combats» en Irak. Obama déclarait à cette occasion: «C'est dans ce bureau que le président Bush a annoncé le début des opérations militaires en Irak, voici sept ans et demi. (...) Ce soir, je déclare que les missions de combat américaines sont terminées. C'est la fin de l'opération «Liberté en Irak.» Le nombre de soldats a été réduit à 50’000. Le retrait définitif devrait – le conditionnel est de rigueur – intervenir en 2011.
Les troupes états-uniennes devraient demeurer en Irak, avec pour mission, selon Barack Obama, de «poursuivre les restes d'Al-Qaïda, protéger les services américains et, alors que les Irakiens feront des progrès politiques, d'entraîner les forces de sécurité irakiennes».
Obama a moins insisté sur le déplacement des troupes états-uniennes vers l’Afghanistan. La «stratégie de sortie» de ce pays, annoncée en mars 2009, a du plomb dans l’aile. Suite au limogeage, en juin 2010, du général Stanley McChrystal et son remplacement par un ancien de l’Irak, le général David Petraeus, le général français Vincent Desportes ne faisait pas dans la nuance: «La situation n'a jamais été pire. La doctrine de contre-insurrection traditionnelle, telle que l'a engagée McChrystal depuis un an, avec un usage restreint de l'ouverture du feu, des moyens aériens et de l'artillerie pour réduire les dommages collatéraux, ne semble pas fonctionner.» (Le Figaro, 8 juillet 2010). Le 4 juillet 2010, Petraeus jugeait la situation «fort critique».
Compter sur un gouvernement solide à Kaboul, sur un affaiblissement militaire substantiel des talibans, sur une collaboration étroite comme efficace avec l’armée pakistanaise, voilà trois piliers vermoulus d’une stratégie. Le calendrier de la Maison Blanche risque de n’être pas respecté. Les premiers signaux sont déjà lancés. La population afghane, elle, connaît les affres de celle de l’Irak.
Hormis le spectacle donné par Obama dans son nouveau «bureau ovale», il reprenait un engagement formel et un accord que G.W. Bush avait dû signer en novembre 2008, sous la pression d’une impasse de plus en plus tangible: un accord SOFA (Status of Forces Agreement). C’est-à-dire, un accord réglant juridiquement – après l’échec du «rétablissement de la démocratie», de la «reconstruction d’une nation» arguments utilisés depuis le XIXe siècle afin de justifier les opérations coloniales – la présence des troupes américaines, en l’occurrence, dans un pays étranger, dans ce cas l’Irak. Obama n’a rien inventé. Il a simplement ajusté cet accord SOFA. Rien d’historique.
Une guerre qui n’est pas terminée
Le 23 août 2010, le vice-président Joe Biden déclarait devant le Congrès des «Veterans of Foreign Wars» – «Les anciens combattants des guerres à l’étranger» : «C’est la politique, pas la guerre, qui a détruit l’Irak». Joe Biden met l’accent sur la création d’une «force de sécurité irakienne» de 650'000 hommes, «prenant la tête de la défense et de la protection du pays».
Le 31 août 2010, au son des flonflons – dans les murs mêmes du plus grand palais de Saddam Hussein, couverts de drapeaux états-uniens et irakiens – les généraux obéissant (?) à l’administration démocrate organisaient la transition de l’ «Operation Iraqi Freedom» à l’«Operation New Dawn». En français «L’opération aube nouvelle». On rêve.
La «violence» diminue selon Biden, même si «les derniers jours les attentats se sont multipliés». Il ne faudrait pas oublier que la première guerre (attaque aérienne dès janvier 1991), puis les sanctions, puis la guerre de 2003, puis l’occupation ont plongé l’Irak dans le chaos. La société n’a cessé, depuis lors, de se déliter. Cinq mois après les élections de mars 2010, le gouvernement n’est toujours pas en place. Les «conflits d’influences», les luttes entre de multiples «réseaux de pouvoir» dominent, sur un arrière-fond d’affrontements pour le contrôle, direct ou indirect, des ressources pétrolières et aussi pour l’obtention de diverses rentes locales ou régionales, liées à un clientélisme labyrinthique. A cela s’ajoutent les détournements des «fonds d’aide». Ils tombent certes dans les proches de sociétés occidentales, mais aussi des «chefs» irakiens. On est loin d’une nouvelle «aube», d’une «nouvelle aurore».
Anthony Cordesman écrivait dans une étude du Center for Strategic and International Studies (csis.org), le 18 août 2010, que «la guerre d’Irak n’est pas terminée, et elle n’est pas gagnée».
La situation actuelle est certes différente, mais en substance aussi critique qu’en 2003. Ne serait-ce que sous l’impact de: 1° la crise socio-économique mortifère; 2° cette «guerre civile» de basse intensité qui se poursuit sur fond de chapelets d’alliances et heurts entre «chefferies» reflétant le morcellement du pays et de la société; 3° la crise structurelle de direction politique du pays ; 4° des interventions de divers pays pas (Iran) ou mal contrôlés par les Etats-Unis et/ou jouant leur propre carte, tout en étant un allié officiel de Washington (de l’Arabie Saoudite à la Turquie ); 5° une exploitation des champs pétroliers très éloignée de leur potentiel effectif et donc de la «rente» envisagée en 2004-2005 ; 6° du «danger» pour le Etats-Unis que la Chine prenne une place de choix, demain, dans l’extraction du pétrole irakien. En effet, la Chine a passé un contrat de 3 milliards de dollars pour le champ pétrolier d’Ahdab dans la province de Wasit (sud-est) et, en alliance avec BP, China National Petroleum Corporation a obtenu un autre contrat afin d’exploiter le champ de Rumaillah.
Cordesman conclut, dès lors, qu’un délai de 5 à 10 ans, au minimum, est nécessaire «pour obtenir une relative sécurité et stabilité».
Le «retrait des troupes» relève d’une formule de relation publique. Les 50'000 soldats sont rebaptisés «Brigades de conseils et d’assistance». Sur la chaîne de télévision CNN, le 22 août 2010, le général Ray Odierno, patron des troupes états-uniennes en Irak sur le départ, répondait sobrement à la question de savoir si ce «retrait» marquait la fin des combats: «Non». Il avançait la date de 2020 pour un possible retrait. A «ses» soldats, il faut ajouter des dizaines de milliers «d’hommes assurant la sécurité» – des mercenaires – qui sont sous contrat avec des «firmes de sécurité». Selon le New-York Times du 19 août 2010, le Département d’Etat (Hillary Clinton) envisage de doubler ses propres «gardes privés», en vue de développer un réseau de surveillance, avec radars, drones, forces d’interventions rapides.
Un coup d’œil dans le rétroviseur
Cette guerre pas terminée dure depuis sept ans. Elle continuera. Ses formes et modalités ont changé et vont encore changer.
Le nombre de soldats états-uniens tués: 4416.
Le nombre d’Irakiens tués et décédés suite aux guerres et surtout à leurs «effets collatéraux»: plus d’un million. Ces chiffres doivent être retenus lorsque des médias et analystes parlent de «rétablissement de la démocratie» et de lutte «pour les droits humains».
L’Irak était et est un objectif géo-stratégique ainsi que pétrolier pour les Etats-Unis. Le porte-parole du Département d’Etat, Philippe Crowley, sur Fox News, le 19 août 2010, déclarait: «Nous avons lourdement investi en Irak et nous devons tout faire pour préserver cet investissement afin d’intégrer l’Irak, avec les pays voisins, afin d’aboutir à une situation beaucoup plus pacifiée qui serve leurs intérêts, aussi bien que nos intérêts».
Avec un regard un peu plus historique, la guerre contre l’Irak – de fait contre sa population – dure depuis 1991. Les «esprits» journalistiques semblent cryogénisés.
Antérieurement, le régime dictatorial de Saddam Hussein a été massivement soutenu, militairement et financièrement (crédits d’armement, entre autres), par les principaux pays impérialistes: des Etats-Unis à la Grande-Bretagne , en passant par la France. Un soutien dynamique pour permettre une guerre de huit ans contre l’Iran, terrifiante pour les populations et les soldats. Le régime chiite de Khomeini apparaissait, alors, comme le danger majeur pour les monarchies pétrolières du Golfe, très proches aux Etats-Unis. Cette aide militaire massive va conduire à un endettement du régime de Saddam Hussein. La dette dépassait les revenus issus de la rente pétrolière. La nationalisation du pétrole datait de 1973. La rente tirée non seulement a été mal gérée, mais a été utilisée selon les exigences d’un régime de plus en plus autocratique et dictatorial.
La situation financière était si dégradée, fin des années 1980, qu’elle pouvait faire basculer le régime dans les filets des agences financières internationales, telles que le FMI. Avec ce que cela impliquait comme «ouverture de l’économie irakienne», donc de perte de contrôle sur les ressources primaires, et, fort probablement, de «rétrécissement» – pour ne pas dire de chute – du pouvoir «clanique» de Saddam Hussein.
C’est alors que, suite à des provocations du Koweït – bien établies aujourd’hui – portant sur les réserves pétrolières frontalières [1], les troupes du dictateur envahissent la monarchie fort peu démocratique du Koweït. Saddam Hussein veut mettre la main sur le coffre-fort koweïtien, pour réduire la pression de la dette.
Dans cette opération, une sorte de feu vert lui a été donnée par l’ambassadrice des Etats-Unis, Madame April Glaspie. Elle lui a laissé entendre, en 1990, qu’une telle opération ne susciterait pas de riposte américaine. Par cette initiative suicidaire, Saddam Hussein révélait le type d’aveuglement propre à un dictateur de cette nature, mégalomane autiste. Cet épisode ressort bien dans l’ouvrage de Pierre-Jean Luizard, chercheur au CNRS (France), intitulé: Saddam Hussein: interrogatoire par le FBI (Inculte Editions, février 2010).
Aujourd’hui, diverses études menées en Irak, indiquent que, sans l’appui alloué par les puissances impérialistes occidentales au cours des années 1980, la position de Saddam Hussein aurait été beaucoup plus fragile à l’intérieur de l’Irak. Le régime était de plus en plus isolé.
En outre, l’arsenal constitué grâce à l’aide occidentale s’est transformé en un argument de propagande militaire pour justifier cette guerre. Ne «disposait-il pas d’armes de destruction massives» ? Tony Blair le laisse encore entendre dans sa toute récente opération financière concrétisée par la publication de ses mémoires intitulées: The Journey.
Obama entre le chômage et la guerre
La représentation donnée dans le «bureau oval» par Obama camoufle la situation dans laquelle se trouvent plongés, en Afghanistan et en Irak, les Etats-Unis ainsi que l’administration démocrate. Elle possède, peut-être, une charge de propagande qui se veut efficace – en fait, assez affligée – avant les élections de mi-mandat, le 2 novembre 2010. Ces dernières se dérouleront dans un climat de morosité économique et d’explosion du chômage, entre autres de longue durée. La baisse des salaires pour celles et eux qui trouvent un nouvel emploi, souvent précaire, est relevée par toute la presse économique.
Les sondages placent Obama au plus bas depuis 18 mois: selon la chaîne NBC, 62% des personnes interrogées pensent qu’Obama s’est engagé sur une fausse voie dans divers domaines.
La droite républicaine et des forces hors de l’appareil républicain construisent un secteur très «droitisé» de ladite opinion publique. Les dernières analyses sociologiques montrent qu’un cinquième des participants au mouvement protéiforme «Tea Party» ont des revenus de 100'000 dollars par an. Mais 72% disposent de 50'000 dollars. Un revenu qui n’est certes pas celui des couches salariées très moyennement rétribuées aux Etats-Unis. Toutefois, ces couches présentes dans des regroupements vivaces réactionnaires ne constituent par la strate supérieure, pour reprendre une classification propre à la sociologie américaine. Cependant, elles occupent une place significative dans la dialectique politico-médiatique actuelle, quelque deux mois avant les élections. De plus, le mouvement «Tea Party» est subventionné par quelques grandes fortunes, comme l'a rapporté le magazine The New Yorker: le plus connu, Rupert Murdoch, magnat des médias (Fox News). Mais aussi – ce qui a étonné des «libéraux» de New-York – les frères David et Charles Koch, parmi les premières fortunes des Etats-Unis. Ils contrôlent des raffineries en Alaska, Texas, Minnesota, des milliers de kilomètres d'oléoducs, les textiles synthétiques Lycra (sous-produit du pétrole). Ils s'opposent à toutes les mesures visant à réglementer, un tant soit peu, l'industrie pétrolière et les émissions de CO2. Cette opposition – qui a d'autres appuis, certes – est un des facteurs expliquant le blocage de la plus que modérée Energy Bill d'Obama. Le «Tea Party», sur ce terrain, leur est utile.
La confusion suscitée par la politique bipartisane d’Obama – faite de concessions permanentes, au rabais, au nom d’un réalisme pragmatique – facilite la tâche de diverses forces ultra-réactionnaires. Une politique plus déterminée – ne serait-ce que de type semi-keynésien bourgeois – est, de fait, réclamée par des couches populaires durement frappées par la crise sociale. Y compris, par une partie de celles et ceux attirés par des mouvements du genre «Tea Party». Des enquêtes révèlent qu’une partie d’entre eux attend une action de l’état, au moins à l’échelle de leur «Etat» (canton). Dans des régions comme la Californie , les organisations charitables ont vu exploser par trois ou quatre le nombre de personnes qu’elles nourrissent ou abritent. Elles ne peuvent plus faire face.
Un pays dévasté
Pour revenir à la situation en Irak, elle semble fort complexe, pour utiliser un euphémisme. Myriam Benraad, chercheuse au CERI, sur le site Mediapart, explique à propos de «l’échec militaire et politique américain»: «Il y a plusieurs dimensions. Les Etats-Unis se sont un peu naïvement appuyés sur les tribus qui, à l'époque, vu la lassitude de la population face aux exactions d'Al-Qaïda, avaient emporté un certain succès. Mais en contrepartie, elles ont été lourdement armées et financées. Fin 2008, il y a eu un essai de transfert de ces forces tribales vers le gouvernement, les tribus demandant leur intégration aux nouvelles forces de sécurités, ce qui a été très limité, avec des salaires versés au compte-gouttes. Cela a incité un certain nombre de membres, de ce que l'on appelle le «conseil du réveil», à rejoindre les rangs du soulèvement. Dans certaines provinces d'Irak, des conseils ne reçoivent plus aucune rémunération, et ce depuis plusieurs mois. En retour, ils sont payés par Al-Qaïda.
Dans le même temps, les succès des nouvelles forces de sécurité ont surtout été dus au soutien américain, financier ou logistique. Or, depuis le transfert de responsabilité au sein du gouvernement, ces forces manquent de moyens, comme on peut le voir lorsque l'on examine le budget adopté en février dernier. On soupçonne en outre une partie de ces forces d'être restées proches de leurs anciennes milices, et il n'y a pas vraiment d'esprit de corps.
Et puis, il y a le contexte politique, avec l'absence d'un Etat fonctionnel et de directives claires. Le double échec des Américains, c'est d'avoir confondu depuis 2003 le changement de régime et la destruction de l'Etat irakien. Cela a débuté très tôt, avec le démantèlement de l'armée, les campagnes de «débaassification». Sept années après, l'Etat n'a pas réussi à se reconstruire, et la classe politique irakienne est totalement déchirée, dans l'incapacité de recréer un pacte national.
La stratégie américaine n'a cessé de changer, et a été essentiellement conjoncturelle. C'est le manque de vision depuis 2003 qui a précipité l'échec.» On peut discuter cette analyse.
Toutefois, un fait est certain. Myriam Benraad le met bien en lumière: « Le citoyen ordinaire vit dans un grand dénuement, n'a ni l'électricité ni l'eau courante. Beaucoup d'Irakiens attestent qu'autant certains progrès avaient été réalisés en 2007-2008, autant depuis 2009, les choses n'ont fait que se dégrader, avec des situations sanitaires catastrophiques dans certains endroits, avec notamment des épidémies de choléra, des zones complètement laissées à l'abandon, sans infrastructures. Une partie des Irakiens en viennent d'ailleurs clairement à regretter le temps de Saddam Hussein, où ils mangeaient à leur faim, et pouvaient emmener leurs enfants à l'école sans risquer de mourir en route.» Ce qui explique, selon divers journalistes présents en Irak, que ce «départ partiel» des troupes des Etats-Unis n’a pas attiré l’attention des «simples citoyens» irakiens. La majorité a d’autres préoccupations.
Une société émiettée
Parfois des analogies sont faites avec le Liban. Mais, ce type d’analyse oublie que la «Constitution» de 1941, mis en place par le général Catroux, a abouti à la création d’un système de «confessionnalisme politique». Ce dernier a peu à voir avec le système politique qu’ont tenté de bâtir les administrations états-uniennes en Irak. A
u-delà des histoires diverses de ces deux pays, il suffit de faire référence: à la place géostratégique de l’Irak, à ses ressources pétrolières, à la question Kurde, aux forces chiites différentes et à leurs relations plus ou moins accentuées avec l’Iran. De plus, la relation spatiale et politique entre les forces dites confessionnelles et les régions renvoie au contrôle de richesses, avant tout pétrolières, mais pas seulement. Il y a l’accès à des ports (au sud) ou à des routes d’exportations. Le pétrole de la région Kirkouk est exporté vers la Turquie , sous le contrôle du pouvoir régional de Barzani et Talabani. Ils disent vouloir faire de leur région un Koweït irakien ! Sans même mentionner, la configuration présente des «acteurs» politiques et économiques à l’échelle régionale et mondiale, à un moment de basculement des rapports de forces économiques entre certains pays «émergents» et ceux «des centres».
L’administration américaine, après 2003, a cherché prendre appui sur les «exclus» du régime de Saddam Husein, soit les Kurdes et les chiites, pour simplifier. Ils représentent trois quarts de la population d’Irak. Sur cette base, l’administration états-unienne a mis en place un système parlementaire – nourri par des partis claniques – et donc des élections. Une certaine liberté de la presse existe. Des apparences démocratiques et quelques espaces démocratiques bourgeois effectifs ont été institués. Cela ouvre la voie à un jeu d’alliances complexes et changeant. Comme par exemple, le tournant assez brutal des forces de Moqtada Al Sadr [2] en faveur d’un «régime parlementaire» et d’une alliance avec Iyad Allawi. Un candidat qui négociait, auparavant, un accord avec Nouri al-Maliki. Il va sans dire que ces «partis-clans-mafia» ont peu à voir avec la «démocratie parlementaire» présentée sur papier glacé par Washington et ses alliés. D’autant plus que le fonctionnement même de la «démocratie parlementaire» en Europe et aux Etats-Unis inclut des pratiques certes plus policées et réglementées, mais qui ne sont pas sans rappeler les méthodes clientélaires, corruptrices, d’expropriation du pouvoir dit «populaire».
Conjointement, des clans et tribus sunnites, financés et utilisés antérieurement par les occupants états-uniens, se retournent. Ils doivent être, certainement, les acteurs de diverses opérations visant les nouvelles forces policières irakiennes, entraînées par les occupants (militaires ou mercenaires).
Quant à la question de la sécurité, présentée comme s’améliorant depuis 2006-2007, une précision est nécessaire. Dans une conurbation comme celle de Bagdad, au cours des dernières années, s’est produite une séparation spatiale des «communautés», une sorte de géographie urbaine confessionnelle. Cela réduit les flux de populations au sein de Bagdad et «favorise» la sécurité, mais simultanément le morcellement de la société. Les quartiers mixtes sont réduits comme peau de chagrin. La statistique des attentats est donc plus modeste. Cependant elle n'est pas le fruit d’une avancée politique et sociale. La fragmentation de la société – qui elle se situe dans un cadre national irakien, à l’exception des Kurdes – est ascendante. Les représentants politiques – qui s’exercent au jeu parlementaire dans la «zone verte», ultraprotégée – tirent leur influence des accords passés avec une multiplicité des chefs de tribus et d’intérêts locaux. Un clientélisme qui absorbe des millions de dollars.
La crise de direction politique au sommet est donc l’autre facette de cette fragmentation du pays. Un pays dont les infrastructures sont ruinées, dégradées, détruites. Le quartier de Sadr City, qui regroupe 2 millions d’habitants, reste pour l’essentiel privé d’eau potable et, très souvent, d’électricité. Les Etats-Unis ont fait une campagne de relation publique sur la construction d’une usine d’épuration des eaux à Fallujah, une ville qu’ils avaient détruite en 2004. L’usine n’est pas finie et sa liaison avec les habitations n’est pas établie ! Mais, ils ont «apporté la démocratie» et «reconstruit».
Mention n’est pas faite, ici, des effets sanitaires à long terme (cancer, enfants naissant gravement handicapés) des bombardements massifs au sud avec de la munition à l’uranium appauvri.
On est donc fort éloigné du cirque médiatique orchestré sur le «départ des troupes de combats». Et, il serait certainement erroné de sous-estimer ce que l’impérialisme états-unien est prêt – entre autres dans cette période de crise économique – à investir pour maintenir et développer sa présence militaire dans toute cette région (au sens large), sous diverses formes.
Les estimations du géographe et économiste Roger Stern [3] de l’Université de Princeton sur le déploiement et le coût d’entretien de la présence des porte-avions états-uniens dans le Golfe Persique, de 1976 à 2007, donne une idée de «l’effort engagé»: 3 trillions de dollars !
L’évolution des dépenses militaires des Etats-Unis indique qu’elles représentaient 3% du PIB en 1999 et 4, 8% en 2008. En dollars constants, elles ont passé de 377'228 millions de dollars en 2000 à 663'255 en 2009 (octobre-octobre), selon la base de données de l’Institut suédois respecté: le SIPRI ( Stockholm International Peace Research Institute).
1. Les champs pétroliers «traversent» les frontières, sous terre ! Il s’agit ici du champ de Rumaillah qui aurait pu être «pompé» depuis le Koweït et donc le contrôle ou partage était disputé.
2. Voir sur le développement de ce mouvement l’ouvrage de Patrick Cockburn, Muqtada. Muqtada al-Sadr, the Shia Revival, and the Struggle for Iraq, Ed Scribner, 2008.
3. Roger Stern , United States cost of military force projection in thePersian Gulf, 1976–2007 , in Ernergy Policy, Elsevier, june 2010
Charles-André Udry,
3 septembre 2010.
(alencontre.org)
http://www.npa2009.org/content/usa-les-fausses-fenetres-d%E2%80%99un-depart-alencontreorg
1-3 Le bilan SELON des médias pro-USA.
1 La guerre de l'Irak a coûté (ndlr : jusqu’à présent) 709 milliards de dollars aux contribuables
01/09/2010
L'Office du budget du Congrès américain (CBO) a publié un bilan des coûts de 709 milliards de dollars de la guerre en Irak. " Ces chiffres représentent tous les frais militaires américains, dont des sommes consacrées à la formation des forces irakiennes et aux opérations diplomatiques en Irak", selon ce même bilan. 2008 a été l’année la plus coûteuse, durant les huit années de présence militaire américaine en Irak", note le rapport de la CBO. Et ce, alors que selon une organisation observatoire indépendante aux Etats-Unis, environ 54 milliards de dollars des impôts que payent les contribuables américains ont été dépensés pour la reconstruction de l'Irak, et que plus de 10% de ces sommes ont été gaspillés dans des projets de construction inutiles ou inachevés.
http://french.irib.ir
2 Des milliards de dollars ont été gaspillés dans la reconstruction en Irak.
Une prison de 40 millions de dollars (31,5 millions d’euros) vide, dans le désert près de Bagdad.
Un hôpital pour enfants de 165 millions de dollars (130 millions d’euros) inoccupé.
Une station d’épuration de 100 millions de dollars (78,7 millions d’euros) à Fallouja, où les eaux usées continuent de s’écouler dans la rue.
Tandis que les soldats américains quittent l’Irak, des centaines de projets de construction ont été abandonnés ou demeurent inachevés.
Une prison de 40 millions de dollars (31,5 millions d’euros) vide, dans le désert près de Bagdad. Un hôpital pour enfants de 165 millions de dollars (130 millions d’euros) inoccupé.
Plus de cinq milliards de dollars (3,9 milliards d’euros) ont ainsi été gaspillés, selon les services de l’inspecteur général spécial pour la reconstruction en Irak (Sigir) après analyse de plus de trois cents audits. La somme disparue représente plus de 10 % des 53,7 milliards de dollars (42,3 milliards d’euros) dépensés par les Etats-Unis pour rebâtir l’Irak, note l’organisme de surveillance créé par le Congrès américain et dirigé par Stuart Bowen.
Des centaines de commissariats, d’infrastructures de sécurité, des ports pétroliers comme à Oum Qasr (sud) ont été remis en état. Mais dans de nombreux cas, des projets mal ficelés voire irréalistes, une mauvaise répartition des tâches, des doublons et des malfaçons ont abouti à faire partir des milliards de dollars en fumée.
L’exemple de gâchis le plus flagrant est une prison avec sa douzaine de miradors et de hauts murs en béton qui a surgi dans le désert à Khan Bani Sadr, au nord de Bagdad. Les seuls signes de vie aperçus il y a peu dans cet établissement conçu pour 3 600 détenus sont un poste de garde à l’entrée, et deux agriculteurs exploitant un champ voisin.
Le gouvernement américain, qui avait confié en 2004 la construction de cette prison à l’entreprise californienne Parsons, a résilié le contrat en juin 2006, en raison des retards pris par rapport au calendrier prévisionnel et des "dépassements massifs" des coûts initiaux. L’entreprise a répondu avoir fait ce qu’elle pouvait, dans une région en proie à l’insurrection et aux violences. Les Etats-Unis ont finalement abandonné le projet en juin 2007 et remis l’établissement au ministère de la justice irakien, qui a refusé d’"achever, occuper et assurer la sécurité" de cette prison, selon le Sigir. Des matériaux de construction d’une valeur dépassant 1,2 million de dollars (950 000 euros) ont été abandonnés sur place. "Quarante millions de dollars gâchés dans le désert", souligne Stuart Bowen.
La coordination avec les autorités irakiennes laisse aussi à désirer. Shaymaa Mohammed Amin, directrice du comité de reconstruction et de développement de la province de Diyala, au nord-est de Bagdad, raconte ainsi comment les Américains lui ont livré une clinique... construite sans escaliers.
Une autre fois, poursuit-elle, ils ont mis en service une usine fabriquant du miel de datte, un aliment qui ne fait pas partie des priorités dans un pays où plusieurs écoles de la région manquent du nécessaire. Ces équipements, "nous avons été presque forcés de les prendre. Des sommes énormes ont été gâchées", constate Mme Amin.
A Fallouja, dans le centre du pays, les Etats-Unis avaient confié en 2004 à l’entreprise FluorAMEC un contrat pour la construction d’une nouvelle station d’épuration. Mais il était irréaliste "de penser que FluorAMEC pouvait entamer la construction de ce projet, et encore moins le terminer, alors que de violents combats se déroulaient quotidiennement" alors contre l’insurrection, a conclu un audit. L’usine de retraitement est aujourd’hui pratiquement terminée, avec quatre ans de retard et plus de trois fois le coût de départ. Les capacités de la station ont été revues à la baisse, et elle ne pourra servir qu’un tiers de la population. Il manque de toute façon les canalisations nécessaires pour raccorder les égouts de certains quartiers à la station d’épuration, selon la municipalité. Résultat, les eaux usées continuent à se déverser dans certaines rues.
A Bassora (sud), un hôpital pédiatrique dont la construction devait être achevée en décembre 2005 n’a toujours pas ouvert ses portes. Le budget initial de 50 millions de dollars (39,4 millions d’euros) a largement été dépassé, pour atteindre 165 millions de dollars (130 millions d’euros). Quant aux équipements médicaux, censés être à la pointe du progrès, ils sont déjà dépassés
Publié le : lundi 30 août
http://www.egaliteetreconciliation.fr/Des-milliards-de-dollars-auraient-ete-gaspilles-dans-la-reconstruction-en-Irak-3994.html
3 Nouri al-Maliki : «L'Irak devient aujourd'hui un pays souverain».
Nb : Ndlr : La publication de l'article ou analyse ne signifie nullement que la rédaction partage le point de vue ou l'analyse des auteurs mais doit être vu comme information
Le premier ministre irakien Nouri al-Maliki a estimé mardi, au dernier jour de la mission de combat de l'armée américaine dans ce pays, que l'Irak était désormais «un pays souverain et indépendant» assurant que son armée était capable d'y assurer la sécurité.
«C'est un jour qui restera dans les mémoires de tous les Irakiens. L'Irak devient aujourd'hui un pays souverain et indépendant», a estimé M. Maliki dans un discours retransmis par la chaîne publique Iraqiya.
«Malheureusement, nous sommes confrontés à une campagne de scepticisme et nous sommes sûrs que son objectif est d'empêcher le retrait», a-t-il déclaré.
«Je vous réaffirme que les forces de sécurité irakiennes sont capables d'assumer leurs responsabilités», a martelé le chef du gouvernement.
Plus de sept ans après la chute de l'ex-dictateur Saddam Hussein, la situation est encore loin d'être stabilisée en Irak, théâtre d'un regain d'attentats ces dernières semaines. Et faute d'accord entre les partis politiques, aucun nouveau gouvernement n'a toujours été formé à la suite des élections du 7 mars.
Venu en Irak pour marquer avec les troupes le début d'une nouvelle page de la présence militaire américaine, le vice-président américain Joe Biden devait profiter de cette visite pour exhorter de nouveau les dirigeants irakiens à mettre de côté leurs intérêts pour forger un gouvernement incluant toutes les tendances.
Comme il s'y était engagé peu après son investiture en janvier 2009, le président Barack Obama annoncera officiellement mardi soir (minuit GMT) la fin de la mission de combat de ses troupes en Irak lors d'un discours prononcé dans le cadre solennel du Bureau ovale de la Maison-Blanche.
Compte tenu du regain de violences, ce retrait a soulevé l'inquiétude quant à la capacité des forces irakiennes à prendre le relais de la sécurité.
M. Biden s'est efforcé de dissiper les craintes.
«Ca va aller pour nous, et ça va aller pour eux», a-t-il brièvement déclaré lundi soir aux journalistes qui l'interrogeaient sur le regain de violences.
L'armée américaine organisera mercredi en présence de M. Biden, une cérémonie pour le début de sa nouvelle opération en Irak, dite «Aube nouvelle» («New Dawn»), qui portera essentiellement sur l'entraînement des forces de sécurité locales.
Le contingent américain compte actuellement 49.700 hommes, contre 170.000 en 2007, au plus fort des violences confessionnelles.
Aucune manifestation de joie particulière n'est attendue dans les rues irakiennes, contrairement à ce qui avait été observé fin juin 2009 lorsque les forces américaines s'étaient retirées des villes.
«Aujourd'hui, ce n'est pas un tournant. J'étais au café avec des amis hier et personne ne parlait de la fin de la mission de combat», a déclaré Yasser al-Moussaoui, un informaticien de Bagdad de 32 ans. «Cela intéresse plus les Américains.»
Dans un contexte politique incertain à Bagdad, beaucoup d'Irakiens appréhendent surtout le retrait total fin 2011 des Américains.
Le chef de l'état-major irakien, le général Babaker Zebari, a même jugé récemment prématuré le retrait américain, exhortant les États-Unis à demeurer dans son pays jusqu'à ce que l'armée soit complètement prête en 2020.
«Si les hommes politiques continuent à se battre pour les fauteuils, la situation va s'aggraver», a confié Salah Abou al-Qassim, un commerçant du marché de Chorja, dans le centre de Bagdad.
M. Biden, dont c'est la sixième visite en Irak depuis janvier 2009, devait notamment s'entretenir avec les chefs des deux principales listes au Parlement, M. Maliki et l'ex-chef du gouvernement Iyad Allawi, dont les ambitions sont souvent citées parmi les raisons du blocage actuel.
«Sans un gouvernement élu, il va être difficile pour l'Irak de régler les grandes questions qui demeurent», a déclaré lundi soir aux journalistes à Bagdad son conseiller pour la sécurité nationale, Tony Blinken.
Jacques ClementAgence France-PressePublié le 31 août
http://www.cyberpresse.ca/international/moyen-orient/201008/31/01-4311270-lirak-devient-aujourdhui-un-pays-souverain.php?utm_source=bulletinCBP&utm_medium=email&utm_campaign=retention
4 Irak : une nouvelle aube ?
Nb : Ndlr :La publication de l'article ou analyse ne signifie nullement que la rédaction partage le point de vue ou l'analyse des auteurs mais doit être vu comme information.
De la Tempête du désert déclenchée par George W. Bush à l'Aube nouvelle annoncée par Barack Obama, sept années auront passé.
Cette guerre d'Irak, « guerre stupide », avait déclaré alors l'actuel président américain, guerre que nous n'avons pas voulue, aura sans doute été l'une des plus néfastes qu'ait connue le Moyen-Orient. Pour abattre un dictateur abominable, on a cassé un pays.
Le bilan est effrayant pour les Irakiens : 250 000 morts, des dizaines de milliers de blessés, 700 000 veuves, un à deux millions d'orphelins (on ne sait pas), entre trois et quatre millions de personnes déplacées à l'intérieur ou à l'extérieur du pays... Côté américain, des milliers de morts (4 500), des dizaines de milliers de blessés (30 000).
De plus, le pays est ravagé, les réseaux d'électricité déficients, la production de pétrole inférieure à ce qu'elle était sous Saddam Hussein. La population, en grande difficulté, souffre.
Des choix politiques erronés ont provoqué ce désastre, à commencer par la dissolution soudaine et brutale de l'armée irakienne et de l'administration en place. On a ainsi plongé dans la misère et la révolte officiers, soldats et fonctionnaires. De là, sont nées les factions extrémistes et fondamentalistes qui ont pu s'armer aisément dans les dépôts de Saddam Hussein laissés à l'abandon et sans surveillance par l'armée américaine. Celle-ci, en outre, a fermé les yeux pendant trop longtemps sur les pillages, les violences, les règlements de comptes qui ont suivi . Tout était fait pour conduire au chaos.
Le pari du développement
Aujourd'hui, l'Irak, pays artificiel, certes, mais comme beaucoup d'autres dans cette région, est plus divisé que jamais. Les élections de mars n'ont pas dégagé de majorité de gouvernement, mais révélé l'éparpillement politique qui divise les diverses populations, même au sein des ethnies ou des religions. L'armée, elle-même en voie de reconstruction, est traversée par différents courants. C'est la désunion générale.
La guerre a cessé, c'est vrai. Les Américains peuvent donc dire qu'ils ne sont plus en guerre. Ils s'en vont, au moins partiellement, et les Irakiens sont soulagés, mais il n'y a rien à la place et ils s'en inquiètent car l'expression violente des conflits internes se poursuit, exigeant forces spéciales et « conseillers » américains. Certains hauts dignitaires de l'armée irakienne estiment même que ces conseillers devraient rester jusqu'en 2020.
En ce qui concerne l'extérieur, l'Iran poursuit ses objectifs et ses calculs à long terme. L'Irak est, en effet, son premier marché et la vieille idée religieuse de regroupement des chiites demeure. La Syrie veut garder de l'influence sans pour autant se mettre à dos l'Arabie Saoudite qui, elle-même, s'inquiète du retrait américain. Ces derniers, dit-on, aimeraient que le futur gouvernement irakien ait une politique claire et non hostile à l'Iran. La situation est donc encore plus complexe qu'avant la guerre. Le rêve de George W. Bush qui, par la guerre, voulait « épargner de grands dangers au monde et instaurer la démocratie », s'est évanoui en fumée et mué en destruction.
Aujourd'hui, avec Aube nouvelle, Barack Obama transfère les responsabilités des militaires combattants à des militaires bâtisseurs chargés de la reconstruction du pays. Que ne l'ont-ils intensifiée plus tôt ! Mais la corruption qui a englouti des sommes faramineuses va-t-elle cesser pour autant ? Si oui, de vrais investissements productifs pourraient enfin être réalisés. C'est un nouveau pari qui commence, dans la difficulté, mais celui-là vaut mieux que celui de la guerre.
Plus d'informations dans le journal Ouest-France
04 septembre 2010
http://www.ouest-france.fr/actu/actuDet_-Irak-une-nouvelle-aube-_3632-1498277_actu.Htm?xtor=RSS-4&utm_source=RSS_MVI_ouest-france&utm_medium=RSS&utm_campaign=RSS
5 Abir Taleb : Un pas vers l’inconnu.
Nb : Ndlr : La publication de l'article ou analyse ne signifie nullement que la rédaction partage le point de vue ou l'analyse des auteurs mais doit être vu comme information Les Etats-Unis ont annoncé officiellement la fin de leur mission de combat dans le pays le 31 août.
Une mission qui s’achève sur un bilan peu reluisant : instabilité politique, insécurité et problèmes économiques majeurs.
Longtemps souhaité par les Irakiens qui voyaient en la présence américaine une sorte de « colonialisme », le retrait des forces américaines est aujourd’hui perçu comme un soulagement par les uns et comme une source d’inquiétude quant à l’avenir par les autres. En effet, l’incapacité de la classe politique iraqienne de mettre sur pied un nouveau gouvernement, cinq mois après les législatives du 7 mars dernier, ainsi que l’insécurité chronique ne font rien pour ramener la confiance parmi la population iraqienne.
Sept ans et demi après la chute de Saddam Hussein, les Etats-Unis mettent donc fin à leur mission au moment où le pays connaît un regain de violences que des experts attribuent à un climat politique délétère. Le niveau des attaques est sans commune mesure avec celui des années 2006 et 2007, quand chaque mois 2 000 personnes trouvaient la mort dans les violences confessionnelles entre sunnites et chiites ou des attentats commis par les insurgés.
Mais, depuis le début de l’année, 300 Iraqiens périssent chaque mois de mort violente. Cette montée de l’insécurité coïncide avec l’impasse politique. Le premier ministre sortant Nouri Al-Maliki affirme que ce regain de violences n’est que l’ultime convulsion d’une insurrection à l’agonie, mais beaucoup d’Iraqiens considèrent que l’impasse dans laquelle se trouve la jeune démocratie s’explique par les ambitions personnelles de leurs dirigeants.
L’effectif de l’armée américaine est désormais de 49 700 — soit moins du tiers de ce qu’il était en 2007 — et devrait se maintenir à ce niveau jusqu’à l’été 2011 afin de se consacrer à la formation des forces iraqiennes.
Obama rassurant mais pas convaincant
Se voulant rassurant, le président Barack Obama a affirmé samedi que « la guerre est en train de se terminer » en Iraq, pays « souverain et indépendant ».
La Maison Blanche a affirmé que les Iraqiens étaient capables d’assurer leur propre sécurité. Le président Barack Obama « est certain que le processus de transition d’une mission de combat (des soldats américains) en Iraq à une prise de contrôle de leur sécurité par les forces iraqiennes a été couronné de succès », a déclaré le porte-parole adjoint de la Maison Blanche , Bill Burton. Les Iraqiens « sont capables de prendre en charge leur propre sécurité », a insisté M. Burton.
Pas si sûr, pensent les observateurs. Ce qui inquiète le plus, c’est la crise politique ; la lutte pour le pouvoir pouvant se transformer en lutte confessionnelle. Le chef des forces américaines en Iraq, le général Ray Odierno, ne l’a pas caché, il a fait part de son inquiétude face à la crise politique. « Les gens sont très frustrés et cela représente un danger potentiel si les politiciens n’y prennent pas garde », a-t-il dit.
Les experts évoquent également le climat politique délétère. Cité par l’AFP, Brian Fishman, de New America Foundation de Washington, estime que le retrait des forces américaines « va certes laisser un plus grand espace pour les groupes armés mais le vrai problème, c’est l’impasse politique. Plus elle durera, plus des gens soutiendront ouvertement ou discrètement la violence comme moyen d’ébranler le système ». Le risque est donc là : s’il n’y a pas rapidement de coalition gouvernementale, beaucoup de cicatrices liées au confessionnalisme risquent de se rouvrir.
Or, en décidant ce retrait, M. Obama joue surtout une carte politique interne. A l’approche des élections de mi-mandat, il tient une promesse électorale et tente de gagner l’opinion publique en sa faveur. Dans les faits, la réalité est bien plus complexe et la confiance affichée du président américain en l’avenir de l’Iraq est peu convaincante. Les troupes de combat américaines peuvent se targuer d’avoir renversé un dictateur sanguinaire, mais pour ce qui est de la stabilité politique, du terrorisme et de la cohabitation avec le voisin iranien, leur bilan est bien plus incertain. La présence d’Al-Qaëda en Iraq représente toujours des menaces importantes.
Aussi, l’affaiblissement de l’Iraq après la chute du pouvoir sunnite de Saddam Hussein a levé un obstacle devant l’Iran chiite, au grand dam des Etats arabes du Golfe, qui voient désormais la République islamique comme la principale menace dans la région, ce qui en fin de compte fait les affaires de Washington.
http://hebdo.ahram.org.eg/arab/ahram/2010/9/1/marab0.htm
2/9/2010
6 Salam al-Khavaji : Les Irakiens redoutent une déstabilisation accrue après le retrait de l’armée américaine.
Interview accordée par Salam al-Khavaji à RIA NovostiLe 31 août est le jour de l’achèvement officiel de la mission militaire des États-Unis en Irak.
Ce jour a débuté dans un silence crispé à Bagdad : la ville est pratiquement vide, les habitants redoutent une recrudescence des attentats et une escalade de la violence. Ils préfèrent donc ne pas quitter leurs maisons.Les rues sont patrouillées par des détachements renforcés de l’armée. L’armée irakienne a également investi les innombrables postes de contrôle qui parsèment la capitale du pays. Il semble que les autorités locales fassent davantage confiance à l’armée qu’à la police.Toutefois, la majorité des observateurs estiment que les forces irakiennes ne sont pas encore en mesure d’assurer l’entière responsabilité de la sécurité intérieure et de la protection des frontières du pays.Conformément à l’accord(…) passé en novembre 2008 entre Washington et Bagdad, près de 50 000 militaires américains devront rester en Irak après le retrait des troupes de combat américaines prévu pour le 1er septembre 2010.
Ces 50 000 militaires continueront à former les forces irakiennes à la sécurité et à leur accorder un soutien lors des opérations militaires. Ces unités sont sensées quitter l’Irak d’ici 2012.La situation politique actuelle en Irak est compliquée : les principales forces politiques continuent leur lutte pour le pouvoir et cela fait six mois qu’elles n’arrivent pas à former un nouveau gouvernement.
De ce fait, l’intégrité même des forces de sécurité est menacée car l’armée et la police irakiennes ne reposent pas sur un principe ethnique.Après le départ des Américains, toutes ces structures de sécurité laborieusement édifiées par eux, risquent de s’éparpiller pour aller rejoindre divers groupes ethniques hostiles et ce sera la fin de l’armée irakienne.Ce danger paraît parfaitement réel dans les conditions où la méfiance règne entre les communautés kurdes et arabes, sunnites et chiites.On redoute également en Irak que le vide politique apparu après le départ des Américains ne soit rempli par les puissances régionales, à savoir par l’Iran chiite, d’un côté, et par les États arabes sunnites, de l’autre. Cela pourrait conduire à une recrudescence de l’animosité religieuse, plus violente encore qu’en 2006-2007.Les Irakiens se sont opposés pendant sept ans à l’occupation américaine, notamment en recourant à la résistance armée. Ils sont, sans aucun doute, heureux qu’elle touche à sa fin. En même temps, ils sont anxieux et se demandent si l’Irak est en mesure de s’opposer tout seul aux menaces intérieures et extérieures.De nombreux Irakiens espéraient en 2003 que l’arrivée des Américains conduirait à une amélioration de la qualité de leur vie. Ils ont en effet pu accéder à la télévision par satellite et à la téléphonie mobile interdites sous Saddam Hussein, toutefois ils sont obligés de constamment faire face à des pénuries d’électricité et d’eau et à une dégradation des systèmes d’éducation et de santé.
Salam al-Khavaji
01/09/2010
http://fr.rian.ru/discussion/20100901/187337325.html
2 Les Brèves
Ndlr : PS : la publication des articles ou analyse ne signifie nullement que la rédaction partage toutes les analyses des auteurs mais doit être vu comme information
Marc
2-1 Conflit interne Bagdad-Kurdistan pour le partage de la manne pétrolière…
Alors même que les troupes américaines se retirent progressivement d'Irak, c'est au sein même de la population que les tensions se creusent, certes encore une fois sur fond de fortes odeurs de pétrole ...
Le ton monte en effet entre le gouvernement central de Bagdad et la région autonome du Kurdistan. L'objet de la discorde : la signature d'un accord avec l'allemand RWE en vue d'exploiter des champs gaziers situés dans la partie kurde de l'Irak.
En réaction aux vives critiques émise par le gouvernement central de Bagdad, lequel désapprouve l'opération, le responsable des relations extérieures du gouvernement du Kurdistan, Falah Mustafa, s'est en pris vivement au ministère irakien du Pétrole.
Alors que la veille, ce dernier avait qualifié "d'illégal" l'accord avec RWE, Falah Mustafa a déclaré dans un communiqué que le Kurdistan n'attendrait pas "les ordres d'un ministère inapte qui a dépensé des milliards de dollars sans fournir aucun service élémentaire, comme l'électricité et l'énergie, ces dernières années".
"Tout contrat ou accord signé en dehors du cadre légal, c'est à dire avec la Somo (State Oil Marketing Organization), est illégal", affirmait préalablement un communiqué du ministère. Précisons à cet égard que ladite Somo, dépendante du ministère, est un organisme chargé de collecter les revenus pétroliers et de signer des contrats dans le domaine. "Personne, en dehors du ministère, n'a le droit de signer un contrat d'exportation du pétrole ou du gaz", martelait par ailleurs le communiqué.
"Nous sommes convaincus que les contrats pétroliers entre le gouvernement du Kurdistan et les compagnies étrangères sont légaux et conformes à la Constitution car ils ont été signés selon la législation du Kurdistan", estime néanmoins pour sa part M. Mustafa.
Pour rappel, le Kurdistan n'exploite à l'heure actuelle que le champ gazierde Hormok, près de Kirkouk. Celui-ci produit environ 160 millions de pieds cubes par jour depuis octobre 2008 en vue d'alimenter les centrales électriques de la région.
A noter que la réaction du gouvernement irakien est loin d'être une "première" : la mise en oeuvre de contrats passés entre les compagnies pétrolières et le Kurdistan irakien provoque régulièrement l'ire du gouvernement central irakien sur fonds de partage de la manne pétrolière. Si le 6 mai dernier, les deux parties avaient certes trouvé un accord qui devait permettre la reprise des exportations et de la production, interrompue depuis octobre 2009, il n'a toutefois jamais été appliqué.
Le problème demeure en suspens dans l'attente de la nomination d'un nouveau gouvernement irakien.
A lire également :
. Irak : remise en cause du contrat signé avec RWE (Allemagne
. Kurdistan irakien : 1ères exportations de pétrole
. MOL (Hongrie) / OMV (Autriche) et Dubai : accords pour alimenter Nabucco via le Kurdistan irakien
. Différend Irak/Norvège sur le paiement des exportations de pétrole
. Irak : Allawi et Maliki rompent leurs négociations
http://www.leblogfinance.com/2010/08/irak-conflit-interne-bagdadkurdistan-pour-le-partage-de-la-manne-petroliere.htmlhttp://www.leblogfinance.com/assets_c/2010/08/Kurdistan_Oil_Map-115848.html
2-2 Affaire « Pétrole… sans nourriture »
Le Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l’ONU a annoncé le 19 juillet 2010 (1) que de « nombreux besoins » en nourriture, et en abris pour les « personnes déplacées » – euphémisme utilisé pour désigner les Irakiens victimes des opérations de nettoyage ethnique organisées par les milices pro-iraniennes - prévus par son Plan d’action 2010 ne pourront pas être assurés, faute de moyens financiers.
Extraits du communiqué :
- Les distributions de nourriture à 800.000 femmes enceintes et allaitantes et à des enfants mal-nourris ont dû être suspendues,
- Les distributions de nourriture à 960.000 enfants allant à l'école ont également été suspendues,
- Les conditions d'existence de 500 000 personnes affectées par la sécheresse dans les gouvernorats de Soulimaniya et Dohouk sont menacées,
- Le plan d'action pour aider 22.500 familles déplacées vulnérables avec des abris d'urgence va devoir être suspendu. Des milliers de ménages vont devoir continuer à vivre dans des abris de fortune, sans pouvoir se protéger des conditions climatiques extrêmes.
Où passe l’argent du pétrole ?
Sept ans après l’invasion de l’Irak et le renversement du Président Saddam Hussein, le régime de Bagdad rongé par la corruption (2) quémande toujours des fonds à des pays donateurs, mais avec de moins en moins de résultat. Cette année, sur 187,7 millions de dollars requis pour la mise en œuvre du plan humanitaire de l’ONU, seulement 12% des promesses de financement ont été honorés. Et pour cause : selon Hussein al-Sharistani, ministre du Pétrole, les revenus pétroliers irakiens se montent à 171 milliards de dollars pour la période 2006 /2009. L’Irak produit aujourd’hui 2,5 millions de barils de brut par jour. Question : où passe l’argent du pétrole ?
A Bagdad et à Erbil (Région autonome du Kurdistan), les contrats dits de reconstruction sont signés avec des entreprises étrangères en fonction des avances sur commissions qu’ils génèrent. Tant pis si les travaux ne sont pas réalisés, pour des raisons de sécurité ou pour engagements non tenus (3). L’inculpation récente de Tarek Aziz pour « dilapidation des deniers publics » - décision prise sans doute pour relancer l’affaire « Pétrole contre nourriture » et faire chanter des personnalités étrangères – ne trompe pas les Irakiens qui savent que l’argent du pétrole engraisse les comptes bancaires ouverts dans des paradis fiscaux par les politiciens et les chefs de milices parvenus au pouvoir en 2003.
Paru le 21 juillet sur le blog « France-Irak Actualité » - http://www.france-irak-actualite.com
Notes :
(1) Iraq : le manque de fonds menace la distribution de l’aide alimentaire
http://www.un.org/apps/newsFr/storyF.asp?NewsID=22456&Cr=Iraq&Cr1=
(2) L’Irak est un pays les plus corrompus au monde, selon l’ONG Transparency International (rapport 2009).
(3) Lire : Sarkozy et le commerce franco-irakien / Arnaques et pièges en tous genres
http://www.france-irak-actualite.com/pages/Sarkozy_et_le_commerce_francoirakien_avril_2009-1982461.html
(4) Irak : quand le pétrole assure des revenus juteux
http://www.leblogfinance.com/2010/07/irak-quand-le-petrole-assure-des-revenus-juteux.html
Rédaction et traduction : Gilles Munier, Xavière Jardez
3 Déclaration, courrier des lecteurs & témoignage
Ndlr : La publication des articles ou analyse ne signifie nullement que la rédaction partage toutes les analyses des auteurs mais doit être vu comme information
3-1 Gilles Munier : Tarek Aziz peut enfin parler.
Son seul regret : s’être rendu aux troupes d’occupation.
Le journaliste Martin Chulov, de The Guardian, a pu interviewer Tarek Aziz dans sa nouvelle prison (1), au retour du Tribunal de la Zone verte où le régime de Bagdad l’a impliqué dans une nouvelle affaire.
C’est la première fois que l’ancien vice-Premier ministre irakien est autorisé à s’adresser à un étranger en dehors des geôliers du Camp Cropper, des enquêteurs de l’ONU, de la CIA , du MI6…. et du juge français Philippe Courroye.
Visiblement affaibli par la maladie et « sept ans et quatre mois » d’incarcération, il se présente comme un « nationaliste arabe loyal » et nie toutes les accusations portées contre lui.
Il n’a jamais, dit-il commis de crime contre des civils, des militaires ou des religieux. Sur des centaines de plaintes déposées contre le régime baasiste, personne ne l’en a d’ailleurs accusé nommément. En temps qu’ancien membre du Conseil de Commandement de la Révolution (CCR), vice-Premier ministre, ministre des Affaires étrangères, on peut tout au plus évoquer contre lui une « culpabilité par association ». Pendant 30 ans, il a défendu les positions de son pays, même lorsque qu’il n’y était pas favorable.
Cela avait été le cas, en 1990, lorsque l’Irak a envahi le Koweït, parce que cette décision débouchait sur une guerre contre les Etats-Unis, mais que l’on ne compte pas sur lui pour émettre des critiques. Ce n’est pas un opportuniste. L’heure viendra peut-être pour lui d’écrire ses mémoires, et à ce moment là il donnera sa version des évènements. Son seul regret, c’est de s’être rendu aux troupes d’occupation, le 24 avril 2003. C’était une décision grave, prise pour sauver sa famille qui a pu quitter l’Irak pour Amman à bord d’un avion étatsunien. Quelques jours plus tôt, il avait rencontré Saddam Hussein, dans le quartier Mansour à Bagdad, pour lui réaffirmer son soutien, et lui dire au revoir.
« L’Iran est notre pire ennemi »
Tarek Aziz rappelle que Saddam Hussein et lui avaient été choqués par les attentats du 11 septembre et révèle que l’ancien président irakien lui avait demandé de l’écrire à Ramsey Clark, ministre de la Justice - Attorney general - sous le Président Johnson et opposant à la guerre du Golfe. C’est à partir de ces attentats qu’il est devenu évident que l’Irak allait être envahi, mais il ne pensait pas que cela déboucherait sur la chute de Bagdad 18 mois plus tard : «Bush et Blair ont menti intentionnellement », dit-il, « Ils étaient tous deux pro-sionistes. Ils voulaient détruire l'Irak pour le bien d'Israël, non pas pour les États-Unis et la Grande-Bretagne ». Dépositaire de tous les secrets du pays, notamment pendant la période d’embargo, il savait que l’Irak n’avait ni armes de destruction massive, ni programme pour en fabriquer. Tarek Aziz a confirmé les déclarations de Saddam Hussein aux enquêteurs de l’ONU, à savoir qu’il avait laissé planer le doute sur l’existence d’un programme d’armement de l’Irak pour dissuader l’Iran d’attaquer. « L’Iran est notre pire ennemi », dit-il. « Saddam était un homme fier. Son devoir était de défendre la dignité de l’Irak ». A la question de savoir si la fierté ne l’a pas emportée sur la sagesse, et si elle n’a pas conduit à la destruction de son pays », il répond : « Nous sommes Arabes, nous sommes nationalistes arabes. Nous devons être fiers ». Aujourd’hui, l’Iran « développe un programme d’armement. Tout le monde le sait et personne ne fait rien. Pourquoi ? ».
« Obama laisse l’Irak aux loups »
Alors que tous ses amis craignaient pour sa santé depuis son transfert du Camp Cropper, Tarek Aziz affirme qu’il est bien traité. Tant mieux, et on espère qu’il en est de même pour ses compagnons. Il dispose de l’air conditionné, des médicaments qui lui sont prescrits et peut prendre l’air dans un petit jardin à proximité de sa cellule. Il suit l’actualité de sa prison, à la télévision, et est horrifié par ce qu’il voit : « Pendant 30 ans, Saddam a bâti l’Irak, et maintenant le pays est détruit. Il y a plus de malades que dans le passé, plus de faim. Les services étatiques n’existent plus. Des gens sont tués tous les jours par dizaines, sinon par centaines. Nous sommes les victimes de l’Amérique et de la Grande-Bretagne …(…)... Ils ont tué notre pays ». « Quand Obama a été élu président, je pensais qu’il allait corriger certaines erreurs de Bush. Mais, c’est un hypocrite. Il laisse l’Irak aux loups » (2).
Un pas vers la « réconciliation » ?
Dernièrement, le Haut tribunal irakien a libéré Khamis Sirhan al-Muhammadi (3), ancien gouverneur de la province de Kerbala - n° 54 des dirigeants les plus recherchés par les occupants (4), faute de preuve à charge sur sa participation à l’assèchement des marais du sud du pays. Au moment où les Etats-Unis réduisent la présence de leurs troupes en Irak, et où il est question d’un soi-disant gouvernement d’union nationale, cette opération de communication décidée par Nouri al-Maliki marque-t-elle un pas dans le processus dit de réconciliation voulu par les Etats-Unis ? En tout cas, l’événement ne déplait pas à Iyad Allaoui. Quand il a appris que The Guardian allait interviewer l’ancien vice-Premier ministre, il a fait dire au journaliste : « Dites à Tarik Aziz qu'il est mon ami et que je pense souvent à lui. C’est un homme bon… C’est une erreur de le garder enfermé depuis si longtemps». Facile à dire aujourd’hui : s’il l’avait libéré entre mai 2004 et avril 2005, lorsqu’il était au pouvoir, l’Irak n’en serait sans doute pas là.
Notes :
(1) Tariq Aziz: ' Britain and the US killed Iraq . I wish I was martyred
http://www.guardian.co.uk/world/2010/aug/05/iraq-us-tariq-aziz-iran
(2) Saddam Hussein deputy Tariq Aziz calls for US forces to stay in Iraq
http://www.guardian.co.uk/world/2010/aug/05/tariq-aziz-interview-iraq
(3) Saddam regime commander on US most wanted list released from Iraq prison after 6 years
http://www.brandonsun.com/world/breaking-news/former-militia-commander-from-saddams-regime-released-from-iraq-prison-after-6-years-99926684.html?thx=y
(4) Khamis Sirhan al-Muhammadi, membre du Commandement régional du parti Bass, un des dirigeants de la résistance dans la province d’Al-Anbar, a été arrêté le 11 janvier 2005 contre le versement de 1 million de dollars à un informateur.
Gilles Munier
Paru le 6 août sur le blog « France-Irak Actualité » - http://www.france-irak-actualite.com
4 Analyse - Géopolitique et stratégie – Réflexion
Ndlr : La publication des articles ou analyse ne signifie nullement que la rédaction partage toutes les analyses des auteurs mais doit être vu comme information
4-1 Après l'Irak, Obama veut "reconstruire" l'Amérique.
Ce fut un étrange discours, et pas forcément le meilleur de Barack Obama.
Lors de son allocution solennelle prononcée mardi soir depuis le Bureau ovale, (sa deuxième seulement, après une première en juin consacrée à la marée noire) pour marquer la fin des opérations de combat en Irak, Barack Obama a même buté sur une des formules un peu grandiloquentes de ses speechwriters.
La phrase fautive évoquait les près de 1,5 millions d’Américains qui ont servi en Irak depuis 2003 et disait : «Ils ont vu la plus sombre des créations humaines, la guerre, et ont aidé les Irakiens à chercher la lumière de la paix »…
Barack Obama a en revanche parfaitement prononcé la formule suivante, aussi lourde soit-elle: « Nos troupes sont l’acier du vaisseau de notre Etat »…
Peut-être était-ce aussi l'effet perturbateur de la toute nouvelle décoration du Bureau ovale.
Barack Obama a profité de ses quelques jours de vacances pour en retirer les dernières reliques de l'ère Bush, et cela tombait particulièrement bien pour ce discours.
Comme annoncé, ce discours a donc célébré le retrait des troupes américaines de combat en Irak (50 000 hommes resteront toutefois encore, le retrait total n'étant prévu qu'en décembre 2011). « Il est temps de tourner la page » a déclaré le président, expliquant qu’il est dans l’intérêt de l’Irak comme des Etats-Unis de passer le relai aux autorités locales. Pour Barack Obama, opposant de la première heure à cette guerre (mais aussi à l’envoi de renforts en 2007 qui ont finalement permis ce départ la tête haute), l’exercice était délicat. C’est peut-être ce qui donne l’impression d’un discours un peu bancal : d’un côté, il a annoncé avoir appelé au téléphone ce mardi son prédécesseur George Bush pour « tourner aussi cette page » des discordes politiques intérieures. « Personne n’a pu douter du soutien du Président Bush à nos troupes, ni de son amour pour le pays, ni de son engagement pour notre sécurité » a lancé Obama le rassembleur : « Il y avait des patriotes qui soutenaient cette guerre et des patriotes qui s’y sont opposés ». Mais au passage, le même Obama a aussi glissé que cette guerre a coûté « des milliers de vies américaines » (plus de 4400 soldats américains tués depuis 2003), coûté de « vastes ressources » et aussi « tendu nos relations » avec l'étranger (avec la France en particulier, mais il n'est pas entré dans les détails).
Le retrait d’Irak permettra aussi aux Etats-Unis de «dédier les ressources nécessaires pour passer à l’offensive » en Afghanistan, a poursuivi Obama, soulignant que c’est là que se mène aujourd’hui encore le combat contre Al-Qaïda. Ce passage peut se lire aussi comme une pique contre Bush, souvent accusé d’avoir dangereusement détourné son attention de l’Afghanistan avec cette guerre d'Irak.
Mais ce discours sur l'Irak a surtout surpris par l’importance de son volet sur... l'économie américaine.
Dès sa première phrase, Barack Obama a annoncé vouloir parler aux Américains non seulement de la fin des combats en Irak, mais aussi du « besoin de reconstruire notre nation ici à domicile ».
Là encore, l’ancienne administration Bush en a repris pour son grade : « Malheureusement, durant la dernière décennie, nous n’avons pas fait le nécessaire pour étayer les fondations de notre propre prospérité ». « Notre tâche la plus urgente est de restaurer notre économie » a poursuivi Obama (en écho à Glenn Beck qui veut plutôt « restaurer l’honneur » de l’Amérique ?) Ce passage exprime bien la nervosité actuelle de la Maison Blanche , forcée de constater que l’embellie économique espérée cet automne… a tourné court. Mais c'est là peut-être aussi une malice de ses tacticiens qui, sous couvert d’un coup de fil et quelques éloges à George Bush, ont ainsi lié les difficultés économiques actuelles… aux erreurs et dépenses inconsidérées de la décennie passée, celle de la guerre d'Irak. Charger Bush tout en faisant mine de vouloir se réconcilier… finalement, ce discours n’est peut-être pas si malhabile qu’il en a l’air.
Mardi soir sur CNN, les experts interrogés à chaud ont relevé une autre dimension qu’ils jugent très positive : même s’il s’était jadis opposé à cette guerre, Obama a longuement loué les soldats américains qui y ont participé. Contrairement à ce qui s’était passé au moment de la guerre du Vietnam, il y a aujourd’hui large consensus pour vanter le « courage » et les « sacrifices » des boys. Barack Obama s’y est en tous cas longuement employé mardi soir… comme d'ailleurs Glenn Beck et Sarah Palin dimanche lors de leur démonstration de force à Washington.
Photo de Jonathan Ernst pour Reuters.
Le Bureau ovale redécoré, avec nouveaux sofas et surtout ce tapis jaune bordé de cinq citations.
"Nous n'avons rien d'autre à craindre que la peur elle-même" (Franklin Roosevelt).
"Un gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple" (Abraham Lincoln),
"Il n'est pas de problème de la destinée humaine qui ne soit à portée des êtres humains" (John Kennedy), "Le bien-être de chacun d'entre nous dépend fondamentalement du bien-être général" (Theodore Roosevelt)
et enfin Martin Luther King: "La trajectoire de la morale est longue, mais elle se rapproche de la justice".
01/09/2010
http://washington.blogs.liberation.fr/.a/6a0120a56c88fb970b0133f3749efa970b-pi
http://washington.blogs.liberation.fr:80/great_america/2010/09/après-lirak-obama-veut-reconstruire-lamérique.html?xtor=EPR-450206
4-2 Irak. Fiasco historique.
Les États-Unis mettent fin à leurs opérations militaires en Irak. Pour un certain temps encore, 50,000 hommes accompagneront les Irakiens dans la reconstruction de leur État, de leur gouvernement et de leur société.
Barack Obama vient de tirer un trait sur le plus gigantesque fiasco diplomatico-politico-militaire de l'histoire. Bilan: dans cette aventure, les États-Unis d'Amérique ont tout eu faux. Les dommages sont considérables.
D'abord pour l'Irak. Selon le journal français Le Monde il faut compter un minimum de 200,000 morts civiles. Selon la revue The Lancet c'est plutôt 1 million 300,000.
Les chiffres varient également en millions pour les blessés, les handicapés, les orphelins et les enfants nés avec des déficiences physiques ou intellectuelles. De plus, trois millions d'Irakiens, parmis les plus scolarisés et les plus compétents, ont quitté le pays. Et, suite à une élection réputée "correcte" il n'y a toujours pas formation d'un gouvernement. Les conditions de vie n'ont jamais été aussi dégradées. Les interruptions quotidiennes d'électricité en témoignent éloquemment.
Les dommages sont tout aussi colossaux pour les États-Unis.
Les contribuables américains y ont englouti 1,000 milliards$, cumulant une dette publique historique au pire moment d'une crise qui met en péril leur propre capacité de se relancer. Et l'image même des États-Unis est ternie à jamais.
Et que dire des dégâts causés au monde entier. L'intervention américaine en Irak, non seulement n'a -t-elle pas débouché sur une avancée vers une solution au problème d'origine qu'est la situation palestinienne au Moyen-Orient mais encore elle a alimenté la mouvance terroriste dans le monde et produit une influence accrue du régime intégriste iranien dans la région.
Les États-Unis de Georges W Bush sortent gravement affaiblis d'une intervention militaire basée servilement sur les intérêts militaro-pétro-industriels d'une castre privilégiée de multimilliardaires.
La méthode fut perverse: idéologie, cachotteries, diversions et mensonges. En écho qui entend Harper jouer la même partition avec l'obscurantisme, le militarisme et les amis pétroliers de son gouvernement? Pour quels résultats prévisibles?
http://larose.branchez-vous.com/2010/09/irak-le-fiasco-historique.html
4-3 7 ans après la chute de Saddam, quel bilan pour les forces américaines ?
Extrait
“Des décennies de mensonges et de cruauté sont arrivée à leur terme. Saddam Hussein et ses fils doivent quitter l’Irak dans les 48 heures, leur refus d’obtempérer entraînera une action militaire que nous engagerons au moment que nous choisirons… “
Le monde était-il meilleur ou pire il y a 7 ans? Avec cet ultimatum en tous cas, George Bush voulait croire et faire croire qu’une intervention en Irak le rendrait meilleur.
Trois jours plus tard, l’opération “Shock and awe” débute, sensée renverser le régime de Saddam et liquider les armes de destruction massive.
Parallèlement aux bombardements, 100 000 soldats débarquent dans le pays, américains et britanniques sous commandement américain. Ce sont les premiers d’une longue série.
Dès les premiers jours, les combats font rage avec très vite comme résultat : la chute du régime de Saddam Hussein.
L’Irak “libérée” bascule pourtant dans la guerre civile et les Marines sont coincés là-bas.
Au départ, 330 000 hommes font partie de la coalition, américains pour la plus grosse partie .
Avec l’arrivée de Barack Obama en janvier 2009, ils ne sont même plus la moitié, et il n’en restera donc que 49 700 jusqu’en 2011.
Quel bilan tirer de cette opération qui se voulait une libération, et qui a tourné au fil des ans à une occupation mal perçue, sur place, aux Etats-Unis et ailleurs dans le monde.
Une présence impopulaire et contestée.
Jamais aucune arme de destruction massive n’a été trouvée en Irak, pourtant principale justification de l’intervention, le terrorisme n’a pas été affecté, le pays est dans l’impasse et les pertes sont lourdes.
…
En 2004, lors des présidentielles aux Etats-Unis, les effets de la guerre sont encore suffisamment positifs pour permettre à Georges Bush d‘être réélu. Mais 4 ans plus tard, le bilan a changé la donne.
Une majorité d’américains ne comprend pas cette guerre et la présence de leurs troupes là bas.
Dans le monde, et notamment en Europe, l’image de l’Amérique est fortement écornée et le régime de Bush conspué…
A l’image de l’Amérique va-t-en guerre, l’opinion publique préfère celle de ces GI’s qui plient bagages et rentrent enfin chez eux.
30/08
http://fr.euronews.net/2010/08/30/irak-7-ans-apres-la-chute-de-saddam-quel-bilan-pour-les-forces-americaines/
6 Annexe
Pierre De Boishue : La ruée vers l'or noir.
Août 1914: les Allemands avancent vers Paris. Afin de les prendre de vitesse, le général Gallieni réquisitionne les taxis de la capitale. En 48 heures, 7 000 hommes sont acheminés sur le front.
L'offensive ennemie est stoppée grâce à une énergie dont l'exploitation se généralise. «Le pétrole et l'automobile viennent de renverser le cours de la guerre», indique le documentaire La Face cachée du pétrole diffusé sur Arte.
Le film revisite les grandes périodes historiques à travers l'évocation de l'or noir. «Il a fallu plus de 500 millions d'années à la nature pour créer le pétrole et moins d'un siècle à l'homme pour l'épuiser. Entre-temps, il a assuré la prospérité et la fortune de l'Occident», soulignent les auteurs, Patrick Barbéris et Éric Laurent. Leur enquête en deux parties démarre par le volet intitulé «Le partage du monde», riche en images anciennes et en interviews.
L'épopée débute dans les années 1860. Un comptable de l'Ohio découvre l'énorme potentiel d'un marché nouveau. Ce personnage, bientôt multimilliardaire, rachète des exploitations aux fermiers. «L'ascension de Rockefeller préfigure le capitalisme du XXe siècle, explique l'économiste Michaël Watts, parce qu'il est responsable de l'émergence non pas d'une simple compagnie pétrolière nationale, mais d'une société internationale.» En 1911, il part à la conquête de l'Amérique du Sud. Mais ses concurrents s'implantent bientôt à Bakou ou en Indonésie.
Une arme décisive
La Grande-Bretagne, elle, se positionne au Moyen-Orient. Après la Première Guerre mondiale, elle se renforce en Irak, la France jetant son dévolu sur le Liban.
Les années passent. Bien avant Yalta, sept compagnies américaines et anglaises se partagent le monde en 1928. Ensemble, elles redessinent les contours de l'ex-Empire ottoman en nouant une solide alliance.
Dans le second volet, le film se penche sur l'après-1945. Les États-Unis négocient alors l'exclusivité des ressources de l'Arabie saoudite en lui garantissant une protection politique et financière. Les Russes réagissent. Ils lorgnent sur l'Iran et les trésors du futur Azerbaïdjan. «Ce sera le véritable début de la guerre froide», déclarent les réalisateurs. Truman brandit le spectre d'une réplique nucléaire. Staline cède… Les décennies s'enchaînent. Survient le choc pétrolier de 1973.
L'élection de Reagan marque un nouveau tournant dans l'affrontement États-Unis - URSS. «Une fois de plus, le pétrole mais aussi le gaz vont être les armes décisives dans la partie de bras de fer qui oppose les deux grands camps», précisent les journalistes.
Au début des années 1980, l 'Administration américaine fait appel à un banquier ingénieux. «C'est lui qui trouve la faille et élabore la stratégie qui va provoquer l'effondrement de l'Union soviétique », est-il affirmé. Cet homme, dénommé Robinson, plaide pour une politique d'affaiblissement des cours: «Chaque fois que le prix du baril chutait d'un dollar, l'URSS perdait entre un demi-milliard et un milliard de bénéfice», dit-il. Une plongée captivante au cœur d'un Dallas à l'échelle mondiale et à la dimension historique.
Pierre De Boishue 01/09
http://www.lefigaro.fr/programmes-tele/2010/09/01/03012-20100901ARTFIG00368-la-ruee-vers-l-or-noir.php
Tout individu a droit à la liberté d'opinion et d'expression, ce qui implique le droit de ne pas être inquiété pour ses opinions et celui de chercher, de recevoir et de répandre, sans considérations de frontières,les informations et les idées par quelque moyen d'expression que ce soit.
" Déclaration Universelle des Droits de l'Homme - Article 19
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